Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/368

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UN GÉRARD DAVID INCONNU\t.\t319 il convient de tenir compte de la différence d’âge qu'accusent ces figures : en effet, tandis qu’à Bruges, à Londres et surtout à Rouen, nous sommes en présence de femmes faites, à Lille nous nous trouvons en face d’une toute jeune personne, presque d’une jeune fille. D’autre part, son type, qui rappelle d’assez prés celui de plusieurs des saintes présentes dans les tableaux de Londres et de Rouen, partage plus d’un trait avec ce¬ lui des Madones de Da¬ vid, de celle de Bruges en particulier. C’est d’abord la coupe géné¬ rale du visage, un peu rond et rempli du bas; puis la force du men¬ ton, la minceur relative des lèvres, la saillie de l’oeil et la disposition de la paupière supérieure presque abaissée et ten¬ due sur le globe, le libre flot de la cheve¬ lure : toutes particula¬ rités qui sont propres aux femmes de Gérard David, tandis que celles de Memlinc ont la m⬠choire inférieure plus étroite, le menton moins développé, la lèvre in- LA vierge et l'enfant avec un donateur V A R M E .M L I N C (National Gallery, Londres.) et plissées, les cheveux plutôt massés par mèches. Le dessin des mains est peut-être encore plus caractéristique : celles de notre Vierge sont longues et maigres, avec des phalanges très marquées et les muscles accusés sur leur face externe; or, c’est bien ainsi que les affectionnait Gérard David, si attentif à cette partie de ses figures ; au lieu que Memlinc les aimait sensible¬ ment plus courtes, un peu grasses, avec des fossettes sur leur dos, vers l’attache des doigts, et des plissements de la peau aux articu¬ lations. férieure plus grosse, les paupières relevées