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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/394

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LE PORTRAITISTE AVED ET CHARDIN PORTRAITISTE 345 cinq ans, elle, veuve comme lui, frisant la quarantaine. On sait comment cette excellente compagne nantie d’un certain avoir, se montra dévouée à lui assurer la tranquillité de travail si nécessaire aux doux soins scrupuleux de son art. Autant que la comparaison est possible entre un original et une photographie, bien des simili¬ tudes frappent dans la facture des deux tableaux de Montpellier et de Carnavalet : l’expression un peu tendue et figée des lèvres, que l’on retrouve dans l’image de J.-F. de Troy au Louvre; le mouve¬ ment de la main droite du portrait de Montpellier, de la gauche du portrait de Carnavalet, toutes deux suspendues en l’air, d’ailleurs avec une particulière observation de l’ambiance; le modelé des mains, potelées, à fossettes, le même dans toutes ses images connues de femmes (Catherine de Seyne à sa fenêtre 1 Mlle de Loiserolle fai¬ sant tourner son rouet) ; les dentelles surtout, toujours très habile¬ ment, parfois même étonnamment traitées, que Ton sent, dans la photographie de là figure de Montpellier, rendues dans la pleine pâte comme elles le sont dans l’original de Carnavalet, où elles consti¬ tuent le brillant morceau de la composition; et bien d’autres détails d’interprétation, dans les étoffes, dans le modelé des joues, dans les arêtes des objets, toutes ressemblances partielles que l’on pressent derrière l’air de parenté d’ensemble des deux peintures, mais sur lesquelles je n’oserais m’appesantir, étant données les conditions insuffisantes de la comparaison. — Notons aussi un rapprochement à faire entre la figure de Carnavalet, assise de profil, un rouet enru¬ banné sur les genoux, et présentant un visage de face en une atti¬ tude d’ailleurs un peu guindée, et celui de M. Roques, de la collec¬ tion Sedelmeyer1, dont la pose est identiquement la même, avec la même raideur, et qui tient sur ses genoux, à la place du rouet, un portefeuille également enrubanné. Les portraits peints par Chardin sont des plus rares, et ie doute subsiste sur presque tous ceux qui lui sont attribués. En dehors de quelques pastels, dont les deux admirables du Louvre où il a impitoyablement analysé les flétrissures de son masque et de celui de sa femme sur le déclin extrême de leur vie; en dehors aussi, si l’on veut, des sujets de genre où des personnes de son entourage lui ont servi de modèle, il y en a tout au plus deux dont il est bien.établi qu’il est l’auteur : ceux d’Andréas Levret et d’Antoine Louis, de l’Académie royale de Chirurgie; des gravures du temps les désignent, 1. Le tableau désigné sans doute « if... dans son cabinet, ayant un papier à la main » au livret du Salon de 1755. xxxii. — 3« PÉRIODE.\t44