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360 GAZETTE DES BEAUX-ARTS t fortune dans l’Etat. Enlin, autour de lui, Métochite réunissait toute une cour de disciples, qu’il formait dans la science et poussait dans la voie des honneurs. L’un des plus connus parmi eux est l’historien Nicéphore Grégoras, l’un des meilleurs élèves du maître et l’un de ses amis les plus chers. Ghosé remarquable, cet homme d’études était un homme d’action. Les contemporains vantent son expérience des affaires, et Canta- cuzône, qui ne l’aimait guère, s’accorde ici encore avec Grégoras. « Du matin au soir, écrit ce dernier, il administrait au palais les affaires publiques; tout entier à sa tache, il y apportait un tel zèle qu’il semblait entièrement étranger aux lettres. Le soir, rentré chez lui, il se donnait tout entier à la littérature, comme s’il n’était qu’un pur savant, absolument étranger aux affaires. » Mais un esprit comme le sien ne pouvait se contenter de la pratique de l’admi¬ nistration; il avait beaucoup réfléchi sur les choses de la politique, et il a consigné le résultat de ses réflexions dans plusieurs traités qui renferment, avec des idées fort intéressantes, tout un curieux programme de gouvernement. On croit volontiers que les derniers Byzantins, uniquement occupés de disputes philologiques ou religieuses, oublièrent dans ces vaines controverses les intérêts vitaux de la monarchie. Ce n’est point chez Métochite qu’on trouverait cette prétendue indiffé¬ rence aux destinées de sa patrie. Nourri comme il était des antiques souvenirs romains, il sentait vivement, par contraste, les tristesses de l’heure présente, la décadence de l’empire, la disparition de l’an¬ cienne prospérité. Il a, dans plusieurs mémoires éloquents, montré le déclin de Byzance, les dangers qui la menaçaient, le triste sort de ces provinces asiatiques où s’était passée sa jeunesse et qu’il aimait d’une particulière affection. Et ces « lamentations » (ôprjvoi) ne sont point, comme on pourrait croire, de simples exercices de rhétorique. Il voyait nettement le péril turc croissant, la catastrophe imminente, et il s’cfForçait de trouver au mal un remède. 11 s’efforçait de réveiller de sa torpeur l’inerte Àndronic, et avec une franchise parfois brutale il l’excitait à reprendre la lutte éternelle contre les musulmans. En matière de politique intérieure aussi il avait ses idées. Il goûtait peu la démocratie, non pas seulement parce qu’il était pla¬ tonicien, non pas seulement parce que son érudition lui fournissait dans l’antiquité maints exemples des vices du gouvernement démo¬ cratique. Ce politique averti savait son histoire contemporaine, et il a curieusement noté comment Gènes, si riche, si puissanlc, si célèbre