Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/423

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366 GAZETTE DES BEAUX-ARTS le parekklesion ; plus loin, de curieux chapiteaux, timbrés de bustes d’anges, surmontent les colonnes ou terminent les pilastres. Plus hant, dans les arcades qui soutiennent et séparent les voûtes, à la courbe de ces voûtes, aux panneaux des murs latéraux, au sommet des coupoles qui couvrent les deux extrémités du second narthex, partout des mosaïques étincellent, gaies, vives et lumineuses. Jadis, l'édifice tout entier en était décoré; aujourd’hui, dans l’église propre¬ ment dite, seuls quelques vestiges mutilés subsistent, à peine visibles sous la couche de chaux dont les Turcs ont badigeonné le sanctuaire; niais celles des deux portiques sont demeurées presque intactes, et la grâce en est proprement admirable. Ce n’est plus ici, en effet, la solennité un peu grave des mosaïques anciennes : tout un peuple de personnages vit et s’agite dans ces tableaux, avec un naturel plein d’expression et de charme pittoresque. Ce n’est plus le coloris un peu terne des ouvrages d’autrefois : les tons sont riches, variés, harmonieux, éclatants. Des bordures d’un goût exquis encadrent les figures et les compositions; des médaillons aux somptueux entrelacs emplissent le sommet des arcades ou le centre des coupoles; enfin, les mosaïques à sujets elles-mêmes offrent une extraor¬ dinaire et séduisante variété. Ce sont tantôt des images isolées. Voici, au-dessus de la porte d’entrée, un buste du Christ, aux proportions colossales, au visage sévère et dur, dont le type traditionnel rappelle la manière des artistes du xie siècle byzantin. En face, entre deux archanges, c’est la Vierge, tenant sur sa poitrine un médaillon qui renferme l’Enfant divin, figure toute charmante, malheureusement assez mal visible dans la pénombre qui l'environne. Plus loin, au- dessus de la porte qui mène dans l’église, c’est le Christ encore, et à ses pieds Théodore Métochite pieusement agenouillé. Ailleurs, à la courbe des grandes arcades transversales du premier narthex, des saints en magnifiques costumes de cour, Andronic, Georges, Tara-- chos, se font gravement vis-à-vis, images d’une élégance parfaite sous la tunique blanche étoilée et le manteau rose bordé d’or qui les cou¬ vrent, d’une grâce parfois juvénile et charmante sous l’ébouriffement des cheveux blonds frisés qui entourent leurs visages. Plus haut, aux petites arcades latérales, une série de médaillons encerclent des bustes de saints encore; et de nouveau, sur les panneaux latéraux, d’autres saints apparaissent, Pierre et Paul, les deux grands apôtres, dont les figures, disposées dans des encadrements de marbre, sem¬ blent, aux deux côtés de la porte royale, veiller toujours à l’entrée de l’antique sanctuaire.