Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/432

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LES MOSAÏQUES DE K AIIRIÉ-DJ AMI 375 dans ce tombeau était enseveli un certain Tornikès, grand conné¬ table, issu de race royale, qui fut en son vivant conseiller, juge, r général, serviteur dévoué de l'Etat, allié par un mariage à la famille impériale, et qui, après une vie illustre, reposait là, s’étant fait moine, pleuré par l’empire tout entier, et dans l’attente du Paradis. Or nous connaissons ce personnage. 11 se nommait Michel Torni- kôs, et par sa mère il était parent de l’empereur Andronic II. Grand favori du prince, c’était un honnête homme et un bon administra¬ teur, fort apprécié pour la sagesse de ses conseils. Ami politique de Métochite, comme lui il sentait vivement les périls qui menaçaient l’empire, comme lui il n’avait rien épargné pour empêcher le dé¬ chaînement de la guerre civile. Il se peut bien que, comme lui, après la chute de leur commun maître, il se soit retiré au monastère de Chora et y ait fini ses jours. En tout cas son tombeau est un des rares monuments qui nous restent de la plastique byzantine au xivc siècle, et il nous donne la date probable où furent peintes une partie des fresques du parekklesion1. Telle est l’église de Chora, et la seule description de ses mosaïques suffirait déjà à en marquer l’importance singulière. Mais, si l’on veut pleinement l’apprécier, diverses questions maintenant se posent. De quelle époque datent ces mosaïques ? sont-elles toutes du même temps? et s’il en est ainsi, ce temps est-il le xitc siècle, ou bien le xivc? A quelle école appartiennent ces mosaïques? sont elles byzan¬ tines ou bien italiennes, et dans quel rapport sont-elles, en particu¬ lier, avec les œuvres toutes contemporaines deGiotto? Et enfin, quelle est leur valeur d’art, et que nous apprennent-elles sur la renais¬ sance ou l’évolution de l’art byzantin? Ce sont ces trois problèmes qu’il nous reste à examiner brièvement. CHARLES D1EHL (La suite prochainement.) 1. Les autres — celles de la partie orientale surtout — d’un art plus grossier et d’une technîqne assez différente, semblent appartenir à une époque, postérieure à Métochite mais antérieure à 1453, où une restauration assez considérable fut entreprise au monastère. C’est à ce moment sans doute qu’on démonta le monu¬ ment de Tornikès pour placer les arcades au-dessus des passages ouverts entre le parekklesion et l’église.