Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/437

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SWEBACH-DESFONTAINES 379 signature « Fountein » (sic)1. L'auteur témoignait déjà cette crainte — qui, du reste, ne l’abandonna jamais — de ne point voir le nom de Swcbach parvenir à la notoriété par suite de son euphonie ger¬ manique : aussi s’avisa-t-il d’adopter le nom de « Fontaine », traduc¬ tion française de son nom de famille, d’origine allemande2. Cependant, l’insuccès de son premier envoi l’avait mortifié, mais son caractère énergique ne tarda pas à surmonter cette défaillance. Il prit part à l’Exposition de la Jeunesse, qui se tenait sur la place Dauphine, au mois de mai 1788. Son nouvel envoi — non signé cette fois — se composait de tout un lot de dessins au lavis et à la gouache parmi lesquels se détachait une Bataille où déjà s'affirmaient ses prin¬ cipales qualités. Le compte rendu du Mercure cle France donne comme un avant-goùt des éloges que Swebach ne cessera guère de récolter dans l’avenir : « Une suite de dessins au lavis et à la gouache a attiré et fixé ma curiosité. Il me paraît qu’ils sont tous du même auteur. Ils représentent des haltes, des campements, des marches. J’y ai trouvé de l’esprit, de la finesse, de la légèreté dans la touche et un art très rare de faire valoir les détails sans nuire à l’effet prin¬ cipal L » Voilà exposés en excellents termes les motifs qui firent désigner Swebach comme lauréat de l’exposition. Récompense fort convoitée : ne passait-elle pas pour désigner celui qui l'obtenait comme un futur peintre de génie? L’année suivante, second envoi à l’Exposition de la Jeunesse. Elle eut lieu alors rue de Cléry, « dans la galerie de M. Le Brun, peintre, garde des tableaux de M&r comte d’Artois ». Le critique anonyme du Mercure se montra cette fois plus sévère. D’après lui, les nombreux dessins de notre jeune artiste présentaient « une grande facilité, un faire très expéditif, du talent et de la chaleur », mais on pouvait aussi y remarquer « de l’incorrection » et une entente défectueuse dans la disposition des demi-teintes d’ombre et de lumière. En outre, sa fougue toute juvénile accumulait person¬ nages et objets sur un même plan, au risque de confusion. U se 1. Ses tableaux et ses dessins auront tantôt la signature Swebach dit Fontaine, tantôt, mais plus rarement, le simple nom de Swcbach; on remarquera également dans ses dernières années la signature Swebach-Desfontaines. Le monogramme S. W. est fréquent sur les toiles exécuLées sous le Consulat et au bas des estampes gravées à son retour de Russie, L’usage du nom Swcbach-ücsfontaine s a prévalu, et on le rencontre dans les catalogues de ventes publiques qui ont mentionné des œuvres de Swebach. 2. Journal de Paris, 27 juin 1783. 3. Mercure de France, samedi 7 juin 1788, p. 33-40.