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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/442

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SWEBÀCH-DESFONT AINES 383 même du serment fédératif, mais quelle vérité d'attitudes chez les différents personnages! Sans doute, la scène fut prise à l’état de croquis, puis mise au point en vue du lavis. L’enthousiasme s’empa¬ rait alors des artistes, qui rivalisaient à retracer pour l’avenir le spectacle des fêtes où tout un peuple communiait dans une pensée unique : Patrie et Liberté! C’était la devise d’une époque où l’on allait à la mort en chantant, où toute victoire sur l’Europe coalisée, tout progrès dans l’affranchissement politique, étaient pour les citoyens autant d’occasions de réjouissances. « Icy l’on danse! » proclamait line pancarte plantée sur l’emplacement cle la Bastille, et c’est ainsi que Swcbach put prendre une vue de la salle de bal édifiée sur « les ruines de cet affreux monument du despotisme ». hv Journal de Wille1 nous confirme le soin scrupuleux de Swebach dans la repré¬ sentation des épisodes révolutionnaires. Nous avons signalé la part qui lui revient dans les Tableaux Imtoriques\ il faut noter encore qu’il a produit quantité de dessins et de gravures se rapportant à cette période. De toutes ces esquisses, les unes, terminées par Des- courtis, Morret, Lecœur, Berthault2, ont été recueillies dans la collec¬ tion Michel Hennin, aujourd’hui au Cabinet des estampes; d’autres, devenues d’une rareté extrême, sont disséminées dans des collec¬ tions particulières, mais on incline à admettre la disparition de la plupart de ces croquis nés durant ces années de tourmente. Pourrait-on en dire de même des tableaux que Swebach exposa aux Salons de 1791 à 1823, date de sa mort? On hésite à l’affirmer, et, cependant, le nombre assez restreint de toiles parvenues à notre connaissance, la pénurie de documents relatifs aux œuvres existantes laissant concevoir l’hypothèse de la destruction de certains tableaux. Cependant la renommée de Swebach s’était étendue en province: des villes, à l’exemple de Grenoble, sollicitaient pour leur musée quelque tableau signé de ce nom qui faisait prime. Aujourd’hui, les toiles ainsi acquises en une heure d'engouement font honorable figure sur les cimaises départementales. On regrette volontiers l’ab¬ sence d’un Swebach dans la collection d’artistes du premier Empire 1. Mémoires et Journal de J.-G. Wille, graveur du roi, publiés d’après les manuscrits autographes de la Bibliothèque impériale, par G. Duplessis. Paris, 1857, 2 vol. in-8. — Tome II, p. 259. 2. A titre d’exemples, on citera : la Reprise de Toulon par les troupes françaises le 18 décembre 1793 ou 2 frimaire an II de la Bépublique, qui a été gravée par Berthault; — la gravure en couleurs de Morret : le Café des patnotes, qui a été exécuLée d’après le dessin de Swebarh (collection de M. le comte de Greffulhe). Ces deux estampes ont figuré à la Centeunale de 1889.