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LA MINIATURE A L’EXPOSITION DES PRIMITIFS FRANÇAIS Je ne sais s’il y eut jamais artistes plus mo¬ destes que nos vieux en¬ lumineurs. Ces hommes admirables, qui donnèrent souvent plusieurs années de leur vie à un seul livre, n’avaient pas le droit de penser à la gloire. Ils n’ignoraient pas que le prince qui leur avait de¬ mandé un manuscrit l’en¬ fermerait sous de triples serrures, le montrerait peu, et bientôt 11e saurait même plus leur nom. Le bibliothécaire du duc de Berry ne nomme, dans son catalogue, que trois ou quatre miniaturistes. Les autres sont déjà oubliés. Il fallait que ces excellents maîtres fussent soutenus par l’estime de leurs pairs. On parlait d’eux près de la porte Saint-Denis, dans l’impasse où étaient les boutiques des peintres ; cela leur suffisait. On pense au mot de Pascal : « Nous sommes si présomptueux que nous vou¬ drions être connus de toute la terre, et nous sommes si vains que l’estime de deux ou trois personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente. » En exposant pour la première fois tant de beaux manuscrits, on XXXII. — 3® PEU IODE,\tG t I