Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/461

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CONSTANTIN GUYS 401 du music-hall ou du jardin public fait frissonner une haie d’habits noirs, et sa composition est parfois d’un vague assez malicieux qui laisse ignorer si ce sont des mondaines ou des lorettes qui s’avancent dans cette attention, ces convoitises et ce respect, parées des robes de même coupe à volants spacieux qui revêtent, près des tables poisseuses où les soldats s’inclinent de fatigue et d’ivresse vers leur verre, de belles et solides mégères.

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Mais il serait injuste d’inclure ce grand anecdotier dans une seule de ses séries. Sa curiosité a embrassé tout le mouvement de Paris; il a indiqué dans d’abondantes aquarelles les cavaliers élé¬ gants, les amazones fines et de jolie race galopant dans les allées du Bois d’automne. Il va au théâtre, regarde non la scène, mais la salle. 11 prélude, semble-t-il, à ces études de Loges dont Manet et Renoir nous ont donné des modèles achevés. Il a noté des beautés exotiques, lia été attentif aux cortèges impériaux et royaux, au bel arroi des équipages de cour, au galop des calèches parmi le flot des escortes. Très intéressé par l’étude du cheval et peut-être surtout du cavalier, il a silhouetté la masse colorée des escadrons aux jours de revue, il a analysé le pittoresque guerrier de ces guides, de ces lanciers, de ces cent-gardes qu’il savait retrouver ailleurs, en petite tenue, parmi lesquels il note des différences de bons drilles, de balourds, de dons Juans. Dessinant des femmes d’un temps où les plus jolies se piquaient volontiers de quelque ressemblance avec une belle Impératrice, il a étudié leur modèle. Il semble qu’il n’y ait pas été fort heureux. C’est un de ses plus faibles dessins que sa Loge de l'Impératrice, où il indique la souveraine assez mollement et l’en¬ toure (est-ce de l’ironie, est-ce un juste et sévère constat) de per¬ sonnes laides, vulgaires et solennelles. Ce n’est pas non plus une de ses meilleures pages que celle qui montre l’Impératrice en amazone, galopant au bois de Boulogne. Elle y est indistincte. Encore que son goût porte Guys à décrire le monde soit dans ses luxes, soit dans ses pauvres limbes et qu’il ne prête guère atten¬ tion à la classe moyenne, quelques dessins le montrent peu tendre à la bourgeoisie, assez railleur pour les cérémonies familiales et pour les joies que s’accordait licitement le « juste milieu ». Ce qui l’attire surtout, c’est ce qu’il trouvait le moins à traiter dans des scènes bourgeoises : des fantaisies d’action et de mouvement. XXXII. — 3e PÉHIODE.\t51