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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/467

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LES TAPISSERIES DE MALTE 407 Il s’agit de cette »< tenture des Indes », sans cesse remise sur le métier durant le xvmc siècle, lorsque la disette de modèles obligeait à répéter des sujets déjà traités. La tradition veut que les premiers tableaux originaux aient ôté offerts en présent au roi Louis XIV par un prince d’Orange, Maurice de Nassau. Cette tradition se trouve pleinement confirmée par des textes formels. Un document contem¬ porain, d’une indiscutable authenticité, ne laisse aucun doute sur la noble origine de ces modèles. Dans l’inventaire du Mobilier de la Couronne sous Louis XIV, on lit le passage suivant1 : « Huit grands tableaux donnés au Roy par le prince Maurice de Nassau, représentant des figures d’hommes et de femmes de grandeur naturelle, plusieurs plantes, fruits, oiseaux, animaux, poissons et paysages du Brésil de 14 pieds 8 pouces de haut, qui peuvent servir aux peintres pour faire des desseins au naturel de tout ce qui vient dudit pays. » On ne songeait pas encore, quand ces lignes furent écrites, à les employer comme modèles aux Gobelins. Il n’est pas inutile de rappeler à grands traits les aventures du prince étranger qui offrait au roi de France cette originale collection de peintures exotiques. Jean-Maurice de Nassau Siegen, né à Dillembourg le 17 juin 1604, mort à Bergenthal le 20 décembre 1679, se distingua en même temps comme général et comme artiste amateur. Chargé par la com¬ pagnie hollandaise des Indes de prendre le commandement des territoires qu’elle possédait au Brésil, il débarquait, en janvier 1637, à Pernambouc et remportait de brillants succès sur les Portu¬ gais. 11 résida plusieurs années dans l’Amérique du Sud et a laissé une relation latine de ses voyages et de ses découvertes. Son départ fut suivi d’une période de revers pour les Hollandais, qui le sollici¬ tèrent par la suite, mais en vain, de retourner à son poste. Maurice de Nassau aurait non seulement été un connaisseur délicat; mais il aurait peint de sa propre main ces animaux exo¬ tiques qui figurent dans la tenture des Indes, Un de ses récents biographes2 dit en effet : u À la Bibliothèque impériale (nationale aujourd’hui) se trouve un recueil de dessins coloriés de la main du prince et représentant les principaux animaux de l’Amérique du Sud. » L’affirmation est catégorique. Nous avons cependant recher¬ ché vainement le précieux album à la Bibliothèque Nationale. Il y est absolument inconnu, aussi bien au Cabinet des estampes qu’au 1. Tome II, p. 22, n° 442 des tableaux. 2. Bi ographie Didot.