Aller au contenu

Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/474

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

414\tGAZETTE DES BEAUX-ARTS Barbarie. Ici les éléments de l’ancienne composition ont été com¬ plètement modifiés par Desportes. Des animaux ont été changés, d’autres ajoutés. En 1740, Desportes exposait un nouveau Repos du chasseur. Enfin, en 1741, paraissent « deux grands tableaux qui achèvent la tenture des Indes, composée de huit tableaux faits pour le service du Roi pour être exécutez en tapisserie à la manufacture royale des Gobelins. » L'un (n° 37) est le modèle de Y Eléphant avec le Cheval Isabelle qui en est détaché dans la tenture de Malte. L’autre (n° 38) représente le Tireur d'arc, avec pécheurs indiens. Une partie de ces modèles existe encore : le Cheval rayé est déposé au musée de Guéret; le Combat d}animaux au musée de Reims et les Deux chasseurs, — chasseur au repos et Indien tirant de l’arc, — au musée de Marseille. La Négresse portée dans le hamac existe encore, en assez bon état, dans les réserves du musée du Louvre, où M. Fenaille a constaté sa présence, en même temps qu’il y découvrait plusieurs bandes très délabrées des panneaux de l’ancienne tenture de Maurice de Nassau. Chacun de ces modèles fut compté à Desportes 2 000 livres; M. Engerand a relevé la date exacte des paiements sur les états du xviuc siècle. Ils s’échelonnent entre le 13 août 1737 et le 31 jan¬ vier 1742. Cette rapidité de paiement est faite pour étonner. Les peintres et les sculpteurs n’étaient généralement pas traités de cette façon. Aussi bien, l’artiste s’était-il montré plus que modeste daus ses prétentions. 2 000 livres pour des tableaux ne mesurant pas moins de vingt-cinq mètres superficiels (5 m. X 3 m.), c’était peu! Quel artiste se contenterait aujourd’hui d’une rémunération aussi minime pour prix d’un pareil travail? Et cependant, François Desportes était alors dans tout l’éclat d’une réputation vieille déjà de près d’un demi-siècle. Le succès de la Tenture indienne s’était, dès le début, affirmé hautement. M. Lacordaire, l’ancien administrateur de la manu¬ facture des Gobelins, avait constaté cette faveur1. « Ces modèles, assure-t-il, ont eu un privilège dont les annales de l’industrie n’of¬ frent sans doute pas un second exemple, celui d’avoir été employés sans interruption dans les mêmes ateliers (ceux de basse lice des Gobelins) pendant cent quarante ans. La première pièce de cette 1.\tA.-L. Lacordaire, Notice historique sur la manufacture de tapisseries des Gobelins et de tapis de la Savonnerie, etc. Paris, 1853, in-8°, p. 88.