Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/475

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LES TAPISSERIES DE MALTE 415 tenture a été exécutée vers 1690, et la dernière, partie en basse lice, partie en haute lice, de 1825 à 1830. » Des recherches de M. Fenaille il résulte que les premières « Indes », tissées sur les tableaux du prince d'Orange, furent répétées huit fois dans les ateliers des Gobelins, de 1687 à 1730. Après cette date, on travaille presque exclusivement sur les peintures de Desportes. De ces huit premières tentures, comprenant celle de La Valette, trois seulement furent exécutées sur le métier de basse lice; toutes les autres étaient en haute lice. Ainsi l'observation de Lacordaire sur ce point est-elle inexacte. Toutes les suites sont en laine et soie, sans métal. La plupart des tapisseries du modèle primitif sont perdues. A part la tenture com¬ mandée par le grand-maître Perellos, la seule peut-être qui soit restée bien complète, nous en voyons une autre offerte en présent à Pierre le Grand, en 1717, lors de sa visite aux Gobelins. Quatre pièces furent données par le Roi à M. Mouret, fermier général, directeur des postes, en 1769; deux autres furent brûlées à la ma¬ nufacture des Gobelins en 1871; enfin, des seize pièces qui font encore partie du mobilier national, trois sont à la Villa Médicis, à Rome, où elles ont été envoyées par le duc d'Antin, six décorent les salons de l'ambassade de France à Berlin, trois sont placées dans les salons du ministère de l'Agriculture, une au ministère de la Justice, deux sont exposées au musée des Gobelins, une seule se trouve encore dans les magasins du Garde-meuble. On ne s’explique guère une pareille dispersion ; elle rend à peu près impossible aux amateurs qui ne connaissent pas la série de Malte l'étude d'une des tentures les plus originales et les plus célèbres produites par notre atelier national. Si on recherche les causes du succès immédiat et persistant de ces sujets exotiques, on remarque que des modifications capitales s’étaient introduites dans le goût du souverain et de son entourage depuis le début de son règne. De prime abord, au temps de la jeu¬ nesse de Louis XIV, les tapissiers ne sont occupés qu’à célébrer, sous toutes les formes, les actes, la puissance, la gloire du souverain. La représentation des victoires, du triomphe, de la vertu d'Alexandre contient une allusion discrète, mais formelle, aux faits et gestes du roi de France; mais, bientôt, on ne s'en tient plus à des rapproche¬ ments, si transparents soient-ils. Dans Y Histoire duRoi7Yà personne même du chef de l'Etat est mise en scène et toujours au premier plan; on entoure les moindres actes du tout-puissant monarque