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418 GAZETTE DES BEAUX-A DIS inférieur. Le grand-maître en fut quitte, probablement, pour 180 livres l'aune carrée, peut-être moins. La superficie des dix pièces va environ à 270 ou 300 mètres carrés. La dépense totale peut être portée, sur cette base, à 40 000 ou 50 000 li vres. Une observation très judicieuse, faite par M. Fenaille, mérite d'être rapportée. Il fut payé, en 1704, à Claude Àudran la somme de 470 livres 10 sous, pour réparations par lui faites aux tableaux de la tenture indienne des Gobelins. Or, à ce moment, aucun des sujets de la tenture ne se trouvait sur le métier pour le compte du Roi. La dépense consignée au compte de 1704 se rapportait donc, bien vraisemblablement, au travail commandé par Perellos. Après avoir exposé tous les renseignements que nous avons pu recueillir sur les origines, la composition, la fortune de la tenture indienne, il convient de dire quelques mots de l'état actuel des tapisseries qui font l’objet de cette étude, et des réparations entre¬ prises aux Gobelins à la demande du gouvernement anglais, puisque ce sont ces réparations qui nous ont fourni l'occasion de les examiner à loisir. IV Quand, avant toute restauration, la tenture des Indes était tendue dans la grande salle du palais de La Valette, l'ensemble présentait un aspect magnifique. Comme on ne songeait guère à examiner chaque pièce en détail, il était à peu près impossible de se rendre compte de leur état de vétusté ou, si l’on veut, de ruine. C’est ce qui arrive, tous les jours, pour les tentures exposées dans les salles de l’hôtel Drouot, à une certaine hauteur. De loin, elles font illusion, on les croirait en bon état; on est convaincu qu'on pourra, par des coutures insignifiantes, remédier à quelques bles¬ sures apparentes. Quand elles sont descendues et placées à la hauteur de l'œil, les raccommodages grossiers apparaissent; on constate l'usure complète de la trame; en maint endroit, la chaîne se montre, à peine dissimulée par la poussière; au lieu d'une tapis¬ serie, on n'a plus devant soi que des haillons informes. Aussi quelle déception, quand il nous fallut, après avoir eu, à Malte, l'illusion de tentures presque intactes, arriver à reconnaître qu'en dehors des blessures bien apparentes, tout le tissu qui semblait avoir résisté aux injures du temps tombait en poussière au moindre contact ! La soie, en particulier, était complètement brûlée, soit par des alter¬