Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/484

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L’EXPOSITION INTERNATIONALE DES BEAUX-ARTS DE DÜSSELDORF A l'Exposition d’art ancien de Diisseldorf1 est jointe une exposition inter¬ nationale d'art contemporain, qui occupe la plus grande partie du palais des Beaux-Arts. En vérité, ce ne sont pas les occasions de s'instruire qui manquent de nos jours aux critiques : en Allemagne seulement, cet été ils étaient conviés, en dehors des Salons ordinaires de Munich et de Berlin, à la première exposition à Munich du nouveau groupe le « KünstIerbund»,formé,à la suite des agissements du jury de l’Exposition de Saint-Louis, par l’union de toutes les sociétés allemandes d’art libre, et à deux grandes expositions internationales, à Dresde et à Diisseldorf. Celle-ci sollicite particulièrement l’attention : non que sur les 3 500 oeuvres présentées, la plupart soient dignes d’admiration, et pour qui a suivi d’un peu près la grande manifestation internationale de 1900 à Paris celle de Diisseldorf est peu féconde en révélations, d’autant que le manque de programme bien défini et l’absence regrettable, dans diverses sections, de bien des noms significatifs ne permettent pas de se faire une idée exacte et com¬ plète de l’état de l’art européen. Mais un tableau instructif y est ofîert des ten¬ dances des diverses écoles allemandes, et le grand nom de Menzel, dont on a réuni dans trois salles un imposant ensemble d’œuvres, le plus important qu’on ait jamais vu (131 numéros, dont 25 tableaux et 66 gouaches ou aquarelles) auréole cette manifestation de tout l’éclat d’une maîtrise souveraine. 11 a été parlé ici assez souvent, et de façon excellente, de l’art de Menzel2 pour qu’il ne soit pas besoin d’exposer longuement les raisons de la suprématie de celui que M. Jan Veth appelait récemment le Balzac de la peinture, et qui, en effet, sinon par la puissance et la généralisation de ses conceptions, du moins par sa curiosité toujours en éveil des multiples manifestations de la vie, l’ampleur et la hauteur de sa vision, la force tranquille de son exécution, la vie intense de ses créations, est digne de ce glorieux surnom. Les œuvres principales exposées à Diisseldorf sont d’ailleurs connues pour la plupart; ce sont les grandes toiles Le Souper à Sans-Souci et Frédéric II jouant de la flûte, de la National-Galerie de Berlin (la Forge avait été envoyée à l’exposition de Saint-Louis), puis le Nym- phenbad à Dresde, Une rue à Paris, Près de la cheminée3, la Muraille d'atelier, cette 1. V. Gazette des lieaux-Arts du lor octobre 1904, p. 265. 2. Y. les études de Duranty (Gazette des Beaux-Arts, 1880, t. 1, p. 201, et t. 11, p. 105), .Iules Laforgue (ibid., 1884, t. Il, p. 16) et M. L. Gonse (ibid., 1SS5, t. I, p. 512, et t. Il, p. 129). 3. Gravé dans la Gazette des Beaux-Arts, 1SSÜ, t. 1, p. 206.