Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/488

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L’EXPOSITION INTERNATIONALE DE DÜSSELDORF 427 voisinage de la Hollande se fait sentir dans la plupart de ces peintures, d’un métier consciencieux et savoureux. Une atmosphère plus subtile remplit les salles munichoises : avec plus de verve et de variété, une liberté plus grande s’y manifeste, mais combien souvent accompagnée de cette exécution dure et sommaire, devenue presque une for¬ mule en Allemagne, qui fait regretter la probité de Düsseldorf! La liste est courte des tableaux qui méritent de fixer l’attention. Presque rien n’est à retenir de l’exposition de l’ancienne Société des Artistes munichois, en dehors des deux œuvres de Lenbach, deux Portraits de la comtesse Wedel, dont un seule¬ ment, ébauché avec la verve et le brio qu’on sait, intéresse plus que le second, d’un coloris opaque et d’une facture lourde; puis d’une petite peinture a tempera, de Wirnhier ; Prière da soir, de laquelle on dirait, pour le sentiment et l’exécu¬ tion, un Primitif modernisé. Dans les salles des «jeunes » on note au passage des paysages signés Benno Becker et Baer, d’une belle pâte et d’une couleur robuste et franche; Ubbelohde, d’un heureux arrangement décoratif; Hermann Urban, dont le Rusticana, peint a tempera et à l’encaustique, est d’une observation juste et pleine de sentiment; puis des portraits, largement traités, de Jank, R. Weise et Knirr (celui de ce dernier influencé, semble-t-il, par Whistler), un autre, de Fr. Erler, d’une belle harmonie grise. Nous ne parlons pas du tableau aux dures tonalités, exposé l’an dernier à Paris, où le peintre Stuck s’est représenté avec sa femme, et si nous mentionnons l’immense toile de Eichler intitulée Fête de la nature, où l’on voit dans une sorte de paysage antédiluvien trois naïades d’une rare laideur, juchées sur un énorme corail, c’est pour nous étonner du mauvais goût où peuvent tomber certains artistes qui pourraient trouver à mieux employer leur talent de décorateur. Ce peintre appartient à la « Scholle » (la Motte), le quatrième et le dernier en date des groupes munichois, et le plus avancé de tous. On y trouve encore un diptyque, aux colorations un peu criardes, de W. Georgi : Saure Wochen — Frohe Veste (Semaines pénibles : fêtes joyeuses), et un paysage du Cap Nord, largement traité, par Erler-Samaden. Mais c’est à Berlin surtout que sévissent la lourdeur et l’incohérence : pour un Liebermann — dont la Blanchisserie, parmi les quatre toiles qu’il expose, est un morceau de plein air digne de ses meilleures productions, — combien d’œuvres pesantes, prétentieuses et vides ! Cependant il faut en excepter la Dan¬ seuse d’Arthur Kampf, peinture agréable et pleine de verve; l’impression noc¬ turne de Skarbina, d’une belle tonalité harmonieuse; Soir d’hiver de W. Elfert; les larges impressions de nature de Kayser-Eichberg, lvuhnert, Elisabeth von Eicken, Alberts, Müller-Cassel, Müller-Kurzwelly ; le portrait d’enfant, dans une harmonie gris et rose, de Linde Walther, et les effigies sérieusement observées et peintes signées Lepsius, L. von Konig, Hancke, Ziegler, Fechner, Breyer, Kardorff. Mais nous nous avouons dérouté par le tableau de Max Slevogt, Le Chevalier : sur une scène fermée en arrière par un rideau, un chevalier bardé de fer écrasant impitoyablement sur son passage des corps nus de femmes aux poses contournées, et s’arrachant à l’étreinte d’unejeune fille qui essaie de le retenir. L’œuvre est, certes, d’un peintre, mais la composition est aussi confuse et l’exécution brutale que l’allégorie est obscure. Quant au Persée][et [Andromède de L. Corinth, c’est également une œuvre vigoureuse, largement brossée, mais de