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428 GAZETTE DES BEAUX-ARTS conception triviale, et qui se ressent de l'influence combinée de Rubens et de Bœcklin. La simple eau-forte de Mme Kathe Kollwitz : La Guerre des Paysans, d’un accent si âpre et si émouvant, vaut mieux que ces grandes toiles. De meilleures œuvres sont réunies dans la salle de Carlsruhe et dans deux autres où exposent quelques peintres allemands indépendants. Un sentiment profond et délicat anime en général les créations des artistes de Carlsruhe. Parmi eux le vieux maître Hans Thoma figure avec deux ouvrages pleins de cette poésie ingénue et de ce tendre amour de la nature qui sont les marques caractéristiques de son talent : Soir sous les oliviers, composition aux belles lignes calmes, et Vénus marine. Là également sont les paysages a tempera, d’un noble style et d’une tonalité austère, de Ludwig Dill; d’autres, très poétiques, de Kampmann; les portraits, paysages et scènes mythologiques, d'un métier si savant et d’une si belle tenue, d’un des maîtres de l’école allemande : 'Wilhelm Triibner; des Vaches de Weishaupt; d’excellentes études d’animaux de Neuen- born; un Canal en Hollande, aux vives colorations, de Jernberg; deux scènes de plein air, largement traitées d’une main sûre, de Ludwig Dettmann; des paysages d’un artiste du Scbleswig, Feddersen, que sa facture et la franchise de ses tons.apparentent aux peintres norvégiens; des compositions et paysages, d’une délicate harmonie, de W. Steinhausen; etc. Une salle, enfin, qui n’est pas la moins intéressante de l’exposition, renferme quelques tableaux de choix prêtés par divers collectionneurs allemands, et réunis par le peintre Oeder, de Diisseldorf. On y admire surtout un étonnant dessin de Menzel ; des portraits et des études admirables de sincérité de Gebhardt, avec son célèbre tableau La Fille de Jaïre; des Vaches à l'abreuvoir qui comptent parmi les bonnes œuvres de Segantini; un Paysage de Bœcklin; une étude de tête du vigoureux réaliste Wilhelm Leibl ; Le Bac de Daubigny; une Forêt de Fontainebleau de Julien Dupré; les Bretonnes au pardon de Dagnan-Bouveret; enfin quelques tableaux de la vieille école de Diisseldorf: paysages un peu secs, mais d’un grand style et pleins de sentiment, d’Andreas Achenbacb ; scènes de genre d’Oswald Achenbacb, études d’animaux d’un peintre peu connu et aujour¬ d’hui mort, R. Burnier, etc. L’Autriche (où la Sécession viennoise n’a pas exposé) n’a guère à offrir de notable qu’une fine vue de Heiligenstadt par Tina Blau; un pittoresque Marché aux poissons à Dantzig, par A. Kaufman, d’un savoureux métier appris chez les Hollandais; d’autres paysages signésTomec,Darnaut, Ribarz, et un excellent Por- trait d'homme, dans une belle harmonie vert foncé et rouge sombre, de Y.Scharf. Les salles de la Hollande et de la Belgique comptent parmi les meilleures. C’est ici, surtout en Hollande, le pays de la bonne et saine peinture, apprise à l’école des vieux maîtres nationaux, dépourvue de hautes visées, mais respirant un amour sincère de la nature, et révélant un sens ému des spectacles familiers. Les regrettés Jacob Maris, avec une Vue de Dordrecht digne d’un musée et un Canal avec des moulins ; A. Mauve, avec des Ramasseuses de pommes de terre d’une exquise délicatesse de tons; Bosboom, avec un Intérieur d'église; Gabriel, avec un Moulin d’une facture spirituelle quoiqu’un peu sèche; Rink, avec des Enfants en plein air d’une lumineuse tonalité; puis, parmi les vivants, Mmo Bisschop-Robertson, avec des paysages pleins de caractère; le vieux maître Israëls avec des Débardeurs; Neuhuys, avec des scènes d’intérieur qui font songer à Millet; Mllc Thérèse