Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/501

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uo GAZETTE DES BEAUX-ARTS chez le duc de Devonshire. Des textes formels assurent qu’on peignit à Sheffield la reine prisonnière. On croit retrouver dans ce portrait l’effet des textes dont il s’agit. Cette persuasion l’a fait nommer ainsi. Le portrait dit de Sheffield est, chose remarquable, signé d’un nom français : P. Oitdry. Qu’était-ce qu’Oudry? Un copiste, je crois, comme furent en France, dans le même temps, un Guillaume Jacquier, un Robert Roussel, un Antoine de Recouvrance, gens de très bas mérite, employés par les grands seigneurs à la reproduction des portraits historiques dont on composait des galeries comme celles de Beauregard, d’Ancy-le-Franc, de Saint-Ange. M. Cusl veut bien enre¬ gistrer mon jugement sur la médiocrité du portrait en question. Il en conclut que,(vu ses grandes dimensions du reste, ce n’est pas là celui de Sheffield, qu’on désignait pour envoyer en France. Mais il maintient que du portrait de Sheffield émanent et celui d’Hardwick Hall, et celui de la Galerie nationale des Poi trails, et plusieurs autres, où M. Gust démêle des adaptations de cette pièce perdue. Cette dernière partie de la recherche fournit des conclusions qui semblent définitives. La plus importante concerne le célèbre portrait Lobanof, conservé au musée de l’Ermitage sous le nom d’« école de Clouet ». M. Cust le retient comme une adaptation du portrait de Sheffield, éclose dans l’entourage des Pourbus. Je crois qu’il faudrait dire : François Pourbus l’ancien, qui, par quelques ouvrages, appartient à cette veine vénitienne des Flandres dont Moro est le plus célèbre exemple, et que nombre d’autres pratiquèrent dans le troisième tiers du xvie siècle. Là, et non pas chez les Clouet, sont les parentés de ce portrait. Depuis que le livre de M. Cust a paru, je me suis avisé d’un quatrième por¬ trait de son héroïne en France, dont de vieux recueils de seconde main conservent les copies. On le trouve au recueil Valori (Bibl. de Lille, ms. 740, femmes, n° 8) ; au recueil de la Sorbonne (Cabinet des estampes de Paris, Na 26, n° 9); au recueil Courajod (à M. Anatole France), n° 8. De plus, un médaillon de cire coloriée, au Musée des Antiquités silésiennes de Breslau, reproduit le porlrait de Marie Stuart tel qu’il est gravé par Jérôme Cock. Enfin, pour ne rien omettre d’un sujet que l’auteur anglais vient de traiter si parfaitement, ajoutons que la miniature de Florence qu’il publie parmi les por¬ traits authentiques se retrouve à propos sous le nom de Marie Stuart dans les collections du musée d’Amsterdam. Une revue des portraits faux termine le livre. L’auteur n’y a pas tout mis. C’eût été trop à faire. Mais les plus importants s’y trouvent. Le silence qu’on garde sur le reste sera un suffisant avis de ce qu’il faut penser de ceux-là et des proportions auxquelles il convient de réduire l’iconographie, enfin réglée, de cette illustre et malheureuse reine. L. DIMIER L’Imprimeur-gérant : J.-F. Schnkrb. PARIS. — IMPRIMERIE DE LA « GAZETTE DES BEAUX-ARTS », 8, HUE FÀVART.