Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/504

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
  • SUPPLEMENT D’ART

THE NEW YORK HERALD. FRANCE'25e PARIS. DIMANCHE. 16 NOVEMBRE, 1902. FRANCE 25e- 6. ROCHEl A SON ATELIER. Son1* Borne ’’ deT Avenue dea Ternes an Hillan d’un Grand Jardin. EN PLEIN MOIS DE JUILLET. L* Triptyque Reprénantaot I* Visite d* la Reine de Saba an Bot Salomon.. roula être édifie «or le plus oa moins deri vérité du brait répandu bhea Sun peuple que la reine meprienne avait les jaraben seines nomme ouïes d’un boue. Dans la troisième compartiment, ,1'sr. tUte synthétise l'union du- magicien et *• la magicienne, dont fnt issue la race cm empereurs d'Abyssinie ; c’est è dire qu’il les représente au moment où l’ayant re¬ connue assez belle, il soulève d’une main la draperie qui ferme lee salles de gynécée et introduit 1» Reine de Saba an milieu des femmes de son harem. Ayant questionné M. Roehegrosse sur les raisons qui avaient déterminé ehes lui ce goût pour les scènes de l’autiquité ori¬ entale, il m’a dit que cela avait eu pour origine les illustrations qu’il eût à faire pour Salammbô et qu’ayant voulu s'im¬ prégner alors au moins des vestiges de cette époque sur les ruines de Cbrthape, il suis lancé depuis, je faisais des dessins très modernes, axent collaboré mime avec Forain è l'illustration du journal la Vio Moderne.* "Pourtant è vingt-et-un tns, j’ai obtenu une troisième médaille avec mon tableau' "ViteUius Trafùé par 1» Populace dans les Ruea de Rome," depuis j’ai entrepris des genres différents, trn des mes plus grands tableanx, "La Fin de Eabjlono,,1 qui me¬ sure neuf mètres sur sept, appartient 0 un de vos compatriotes, M. Carrer, de Boston, auquel je l’ai v^ndu il y a plu¬ sieurs années. “Actuellement, je suis chargé de la dé¬ coration d'une chapelle funéraire très-im¬ portante élevée par une dame veuve è la mémoire de son-époux, et dont le plafond est entièrement orné de mosaïques. J'ai beaucoup étudié les maîtres bysantin* à Venise et surtout è Raveunr, et coïmne L ET LES LIVRES. Rareté* Bibliographiques, Incunables, à Munich et A Francfort—Les Bliaiatures. CEAUX MANUSCRITS ENLUMINES Heure* et missels du ÏVs Siècle- Estampes et Gravures de tTest tout an bout de Tienne des Ternes, su milieu d’un hameau que ira-1 verse une grande allée toute ombragée de tilleuls, que' M, Rocbegroase a établi son “borne" et eon’ateher dans un toi toge rus¬ tique entouré d'On grand jardin C’est aux aboiements furieux d’un su¬ perbe caniche noir, exoellbnt chien de garde, qui, de.l'autre cflté de la baie qui clôtura le jardin,-semble vouloir se préci¬ piter stir, moi.-'que M. Rochcgrosse, ou vraut la porta de son atelier, a bien voulu me recevoir..- * H était eu costume de travail : large - pantalon do velours côtelé, chemise russe «ri toile bleue et chaussures de maroquin rouge, costume sommaire qu'expliqua la chaleur accablante d’un jour d’été. Ton* en fumant une cigarette, il me fait faire le tour de ce “studio,” d’où sont sorties do si larges et de si belles traductions de se* rimons des pays d’Afrique ,Cest une pièce très vsste, construite en planches et en charpente, sans [BéteD- tion è aucune recherche, mais renfermant, cependant, quelques meubles intéressant», 3ni sont d'ailleurs, parait-il, des souvenirs e famille. Ici se dresse un énorme lit flamand en forme de grande armoire tout en bois sculpté du XVIe siècle dont les profon¬ deurs sont remplies de coussins, qui en font un excellent divan, tè une grande ar- , moire de sacristie du IVc siècle, fermant è quatre portes, avec se* panneaux scnlp- tfe et se* ferrures de l’époque. Un peu pins loin, un divan oriental occupe un dei angles de îa pièce abrité sous de lourdes draperies que soutiennent des lances inclinées. Puis ce sont des mannequins, des cheva¬ lets, dns études, des maquettes et même quelques tableaux, ainsi qu’une biblio¬ thèque toute chargée de livre* qui com¬ plètent l’ameublement. Au milieu de l’atelier, sur un grand chevalet so trouvait placé le triptyque de la Reine de Saba, qui fut exposé 1 année dernière et.doot M. Rocbegroase, qui n'est pae seulement peintre et illustrateur, mai» encore sculpteur, mosaïste, décorateur, * deseiné et exécuté lui-méme lé es dre de «tyle, cadre qui est è lui seul une concep¬ tion- des plu* curieuse*. L’imagination poétique de M. Roche- grosse donne A, chacune da se* composi¬ tion» un intérêt'intense per l'ingéniosité, la richesse, l'éclat des décora et des cos¬ tume* dont il entoure et dont il habille ees personnages, Dans la conception de ta Reine de Saba Il a cherché, me dit-il, è dégager et è mettre en lumière en trois' épisode* mar¬ quant* de I* rie de son héroïne, le çôté presque surnature) de cette figure qui, comme celle de Salomon, relevait un peu de la magie. Cest ainsi qu’il a voulu dans le premier tableau, la reine étant mr un -trône entourée de ses suivantes, André l'idée qu’elle reçut en un message mysté¬ rieux et invisible pour tous, sous la forme «Tune oolombe, la transmission de ta pen¬ sée du Roi Salomon. Poussant juBQo’l la minutie dans ses moindres détails, tout ce que rapporte la légende des fastes de la Obur de Salomon, il retrace l'épisode de la réception de la reine par le monarque sur son trône, en¬ touré de* ses guerriers, de sa cour et de ses femmes. lo reine porte au-dessus de sa tête l’oi¬ seau mystérieux è t&te de femme, et sur le aol où elfe n’avance, elle marche sur un miroir' préparé è dessein, le roi ayant ‘‘NAÏADE.’’—POBTB-LDMIEBE EN' BRONZE AVEC GLOBE EN COQUILLE DE NACB E PAR GUBSCHNE&. svait visité Tunis et, captivé, s’était fixé en Afrique où maintenant il passait tous ses hivers. Avec ses cheveux coupés eu frange sur le front, sa barbe noire taillée en pointe et striée de fils d’argent, son teint légère¬ ment basané, M. Rochcgrosse a vaguement l'air d'un mage d’Orient et pourtant il est né a Versailles; mais sans doute l'air ambiant au milieu duquel il grandit dans un milieu littéraire, romantique, et la fréquentation constante do maîtres tels qup Flaubert, et Théodore da Banville, par lequel il fut élevé, celui-ci ayant épousé sa mère eu secondes noces, eurent- ils une influence prépondérante sur son génie en même temps que sur son individu. “Ma vocation .pour la peîntureÇ - eu plutôt pour l’art, est toute spoutanée; mon beau-père, qui m'éleva, car il s’occupa de moi dès l’âge de .cinq ans, ne fit rien pour la forcer; il considérait qu’il laut laisser la plus grande liberté sous ce rap¬ port è chacun, mai* certainement sa tutelle ne fut pas étrangère è cette orientation, A l'âge de dix-huit ans, ayant crayonné-toute me rie, m’ayant pae encore trouvé ma roie dans le genre\tme te; anciens maîtres mosaïste* j'applique leur art è la décoration architecturale.’’ Oe travail est considérait le et l’artiste m’en a fait voir la maquette. Ô exécute aussi des modèles de tapis et prépare un grand portrait de Mme. Rochcgrosse, qui m’a paru promettre beaucoup. Mais ce n’est pas seulement dans tes grandes compositions qu’on peut admirer le talent de ce jeune maître, cor j’ai ru chea lui un grand nombre de petits ta¬ bleaux de chevalets <n cours d'exécution, entre autres un intérieur de harem, une jeune-Egyptienne jouant de la cithare, et surtout quelques paysages, étude* d’Al¬ gérie, d’une intensité de couleur et-dé lumière qui tant è mes yeux l’êsuvre d'un paysagiste de premier ordre. M, Rochcgrosse, qui vît trfle simple¬ ment, Msen retiré et travaillant beaucoup, ne cultive aucun sport sauf l’escrime; il fait partie du Cercle de-l’Escrime et de TEpee; là se borne son besoin de mauve- ment. U est mené depuis quelques an¬ nées, mai* il n’a pas d’enfant, -M. Rochegrofie est chevalier de la Ugion d’honneur depuis 1892 et je suit surpris qu’il n'en soit encore qu'i ce grade. Outre scs marohands de tableaux, anciens et modernes, ses marchands d’objets d'art et de curiosités, Munich possède aussi des libraires et des mar¬ chands d'estampes, dont les stocks ira- important* sont pour les amateurs du plus haut intérêt. Passant en revue comme ' chaque année les curiosités et les objets do différents genres quo l'on y peut trouver dans le commerce, le H«»n s oo pouvait runqncr de donner un aperçu des quelques raretés bibliographiques actuellement en possession des principales maisons ayant comme spécialité cette branche si iutéres tante de la librairie. M. Jacques Rosenthal m'a fait voir cette année quelques exemplaires de précieux manuscrits ornés de miniatures, dont la no¬ menclature, quo j’en puis donner, quoique très succinto, ne saurait manquer d’inté¬ resser les bibliophile* Livres du XVme Siècle. Le premier est un grand livre de prière, du quinzième siècle sur vélin, orné de dix miniatures, de quatorze grandes lettres historiées et de nombreuses bordures, «aurre d’un artiste espagnol, dont le faire ie distingue par une grande riches» de coloris. Ce manuscrit, in-folio, d’une con¬ servation parfaite, est relié en veau rougv et doré sur les plats. Dans up vieux coffret de cuir do Russie, quo M, Rosenthal a ouvert dev«ot moi, oon «»n« un certain respect, se trouvait un missel français du quinzième siècle, orné de dix-sept miniatures d’une finesse in¬ comparable, véritables cbefs-d’esovro de l’art français â cette époque. Chacune porte les armes de la famille de Montmo¬ rency, qui sont, comme on lésait, d’argent à la croix do gueules, cantonnée ue reiae alésions d’axur. C’est lè un document in¬ téressant pour quelques-uns des chsrtriers français J’ai admiré également un charmant livre d’heures, dont les miniatures et les orne¬ menta sont attribués à Gérard Dsvid. L’école allemantde des enlumineurs du quinaième siècle est représentée par un manuscrit sur tes fortifications, illustré par Jean Hartheb, de Munich. . C’est là une pièce rare, comme le sont générale¬ ment les manuscrits de‘Cette époque trai¬ tant de sujets militaires. Un manuscrit français da la même époque orné d’un grand nombre de minia¬ tures d’une grande finesse, m’a surtout frappé par le sujet quo représente l’une d’elles, un combat entre les Français et les Anglais, avec, è Terrière-plan, une rue de la ville de Paris et Tégliso Pîotro-Dami:, Bulle du Pape Pie II. Au milieu d’un grand nombre d’incuna¬ bles rares et précieux, j’fti .è enregistrer la Bulle du pape Pie IL relative è la dé¬ chéance de Diéther dTsanhurg. arebevé- uede Mayence, adressé* Y “tutu gens da église de ce diocèse," les déclarant dé- t gagea de leur serment en ver» Diéther, qui y est traité de "bête pe^iteuticMo*” Cet incunible, daté Tyburi. tumo 1461, ne com¬ prend qu'un seul feuillet, imprimé p*r Jean Fust. et Pierre SeholTer, à Mayence. Elle est d’une insigne rareté. On ne con¬ naît quo trois f’iemplïùres, dont celui ût» je de cit^r, Mr, Jacques BotntLil possède éjjalement u» exemplaire de la Bulle de Pie II» de la même innée que h préCTw3*.sJî'.*.,(v:iïenaiït le décret d’in*ti T lie\tYOI^IÇ\tflEi^HIiD\tpublie\tle\tdimanche,\ttous\tles\tquinze\tjours, un Supplément illustré consacré auji questions d’art. PRIX DU NUMÉRO AVEC SON SUPPLÉMENT. 25 CENTIMES Pour les abonnements et la publicité illustrée, s’adresser au bureaux du New York herald, 49, avenue de l’Opéra, Paris.\t,\t-