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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/521

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450 GAZETTE DES BEAUX-ARTS romane qu’à l'architecture antique. Les archivoltes à redans forti¬ fient encore cette impression. Tel est ce beau livre qui, par la fraîcheur du coloris, la variété des ornements, Faimable douceur des physionomies, mérite de prendre rang à côté des chefs-d’œuvre du maître1.

A peu près au même moment, j’ai eu la bonne fortune de rencon¬ trer à la Bibliothèque de l’Arsenal un autre manuscrit de Bourdi- chon. C’est un petit livre d’Heures d’apparence modeste, qui porle Je n° 417. Il a malheureusement un peu souffert et plusieurs minia¬ tures ont perdu leur fraîcheur première. Il fut enluminé pour un grand seigneur dont on voit les armoiries et qui est vraisemblable¬ ment un comte de Vendôme2. Les miniatures sont peu nombreuses et de dimension restreinte, puisque les personnages ne sont repré¬ sentés qu’à mi-corps, mais elles sont de la main du maître3. Une critique méticuleuse pourra prétendre que deux ou trois pages un peu moins fines (Descente du Saint-Esprit, Uri devant David) et que la négligence de certains encadrements trahissent la collaboration d’un élève. Nous n’y contredisons pas. Mais, il suffit de jeter un coup d’œil sur les charmantes figurines d’Evangélistes qui ouvrent le livre, ou sur la jolie Sainte Famille du fol. 9 pour reconnaître la grâce accoutumée de Bourdichon. Plusieurs autres pages doivent être signalées. La Rencontre de la Vierge et d'Elisabeth a lieu dans un tin paysage de verdure et d’eau, éclairé d’une lumière voilée, qui ne peut être que de la main qui a peint les fonds des Heures d’Aragon. Les peintres modernes, affinés par quatre siècles d’art, ne voient pas plus juste. \JAnnonciation nous montre deux figures d’une égale suavité : la Vierge et l’ange sont aussi blonds, aussi candides et aussi timides 1. Nous avons dit que rien ne permettait d’établir la date du livre. Cependant il est assez naturel de supposer qu’il est contemporain des Heures d’Anne de Bre¬ tagne, ou un peu postérieur, puisqu’on y trouve les mêmes fleurs et les mêmes fruits. 2. La question sera bientôt élucidée par M. Henry Martin, bibliothécaire à l’Arsenal, qui pre'pare un mémoire sur le premier possesseur du manuscrit. Nous aurons ainsi une date approximative. 3. Cet article a été écrit longtemps avant l’Exposition des Primilifs français- Depuis, le manuscrit de l’Arsenal a été exposé rue Vivienne, et plusieurs personnes y ont reconnu, comme moi, une œuvre de Bourdichon.