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JEAN BOURDICHON ET SON ATELIER 455 licatesse du maître; enfin un § Résurrection', qui ressemble beaucoup à celle du Missel de Tours. Jésus-Christ sort du tombeau à l’heure où les premiers rayons du soleil commencent adorer les murs de Jé¬ rusalem. Un livre d’Heures de la Bibliothèque Mazarine, qui porte le n° 507, quoique plus inégal encore, mérite d’être cité ensuite. Les meilleures miniatures, comme dans le livre d’Heures de la Biblio¬ thèque Nationale, sont en tête. Le Saint Jean, le Saint Mathieu, la Crucifixion sont d’un bon élève qui connaît parfaitement les habi¬ tudes de l’atelier. Derrière Jésus-Christ en croix, il a mis un grand ciel sombre qu’éclaire dans le bas une étroite bande de lumière orange. Mais à partir du f° 38, les miniatures deviennent d’une choquante médiocrité. C’est l’œuvre d’élèves qui copient vite et mal les originaux qu’ils ont sous les yeux. La physionomie delà Vierge, tout en gardant l’aspect qu’a su lui donner Bourdichon, devient ou insignifiante ou vulgaire. On trouve, au f° 82, une imitation de la curieuse Fuite en Egypte que nous avons signalée dans le manu¬ scrit 417 de l’Arsenal. C’est ici que l’on mesure bien la distance qui sépare le maître de l’élève. Le visage de la Vierge a aussi peu de caractère que celui de saint Joseph, et rien ne subsiste de ce qui fai¬ sait le charme de l’original. On en peut dire autant de la Bethsabée au bain qui n’a rien retenu de l’aimable poésie qui flotte autour de celle de Bourdichon. Vers la fin du livre les miniatures deviennent détestables. L'histoire de Job, celle de sainte Marguerite, ont été confiées à de grossiers praticiens qui ne faisaient guère honneur à leur école. Le manuscrit 2705 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, plus égal, n’est pas une œuvre de haute valeur; il donne lieu cependant à quelques remarques qui ont leur intérêt. C’est un livre d’Heures fait à Tours2, pour un gentilhomme et sa femme qu’on voit age¬ nouillés des deux côtés du tombeau de Jésus-Christ3, mais qu’il est difficile d’identifier4. Les principales scènes se présentent dans des encadrements d’architecture qui offrent une frappante analogie avec ceux que nous avons signalés dans les Heures de M. de Roth- 1. F° 82, v°. 2. Le calendrier indique, au mois de mai, la Translation de saint Gatien, saint du diocèse de Tours. 3. F0 3, v°. 4. Les armoiries de l’homme sont effacées, celles de la femme sont très vagues. M. Kohler (Catalogue des manuscrits) croit voir : e'cartelé, aux i et 4 de gueules aux trois fasces d’or, aux 2 et 3 de gueules au lion d’or.