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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/560

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ARMAND CHARNAY 485 leur et la finesse spirituelle de l’exécution s’ajoutent à une force d’observation singulièrement pénétrante. Toujours épris de recher¬ ches nouvelles, Charnay rêvait d’ailleurs d’employer son talent à des compositions de plus en plus expressives. Si séduisant qu’il fut, le pittoresque purement décoratif qui lui avait inspiré tant d’œuvres exquises ne le contentait plus. Il aspirait à cet accord plus intime entre la pensée et ses moyens d’expression qui fait les ouvrages accomplis. L’automne, qui d’abord avait été pour lui la saison des épisodes mouvementés et des brillantes distractions que comporte la vie de LE r A K C DE SANSAC, PAIt M. ARMAND CHARNAY château, lui apparaissait désormais avec sa poésie propre, plus pro¬ fonde et plus touchante. Des séjours prolongés à la campagne, un commerce plus assidu avec la nature, lui avaient révélé l’éloquence de ses abandons et de ses recueillements. Déjà, dans un Jour de Toussaint à Anrillac, il s’était attendri à ses tristesses, en nous montrant près du portail noirâtre de l’église des femmes en deuil, des arbres dépouillés, aux silhouettes vagues, perdues dans le ciel brumeux; ou bien, avec un cadre plus humble et une émotion plus persuasive encore, il peignait courageusement, sous le brouillard, le modeste Cimetière de Saint-Martin de Lixy, sa vieille croix de pierre couronnée de buis, ses pauvres tombes fleuries pour la fête