Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/562

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ARMAND CHARNAY 487 passées, quand, sous le ciel encore chargé de neige, la neige déjà tombée recouvre d’une couche épaisse les marches de la maison fermée. Telle elle nous apparaît, désolée et vide, dans cette étude particulièrement touchante où les seuls êtres vivants sont de pauvres oiseaux en détresse, voletant plaintifs en quête de quelque nourri¬ ture. Au premier plan, des roses de Noël aux pâles corolles, et des chrysanthèmes, transis et crispés par la gelée, pendent inertes ou serrent douloureuse¬ ment les unes contre les autres leurs tiges raidies, avec la lan¬ gueur résignée des choses qui vont bien¬ tôt mourir. Ces défaillances de la nature, Charnay excellait à les ren¬ dre, mais sans trop appuyer, sans verser dans la sentimenta¬ lité; c’est en peintre qu’il les exprimait, avec une correction et un goût irréprocha¬ bles. Ses succès al¬ laient toujours crois¬ sant. Vivant dans son coin, étranger à toute coterie, il obtenait en 1886 une médaille (Hôtel de ville do Paris.) de seconde classe, et une médaille d’argent à l’Exposition universelle de 1889, bien qu’il n’y eût envoyé que deux tableaux : la Terrasse aux chrysanthèmes et le Soir d'automne (Parc de Sansac) qui avaient figuré aux Salons précédents. De plus en plus il se tenait à l’écart. Très attaché à Mar- lotte, il s’y était fait construire une habitation agréable d’où il pouvait, à son gré, rayonner dans la forêt, dans la campagne envi¬ ronnante ou vers les bords de la jolie rivière du Loing. Ses séjours à Paris étaient désormais plus courts et moins fréquents; il s’y sen- lait dépaysé et il était pour toujours dégoûté de la peinture « en