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49 2 GAZETTE DES BEAUX-ARTS de Maringo (sic) et fixer le coup d’audace accompli aux portes de Zurich par Masséna contre Souwarow. Carie Vernet et, surtout, le baron Gros ont fait tort aux essais d’épopée tentés par Swebach- Desfontaines : on ne saurait comparer ses toiles aux magistrales conceptions de Gros. Sa virtuosité se déployait dans les épi¬ sodes de bataille et, s’il laissa une Bataille de Rivoli considérée longtemps comme son œuvre maîtresse, c’est — en matière de peinture du moins — dans les anecdotes militaires, dans les coins de batailles, qu’il faut chercher des échantillons de son talent. Cependant on constatera, une fois de plus, avec quelle aisance Swebach rassemble, sur des toiles de format exigu, quantité de per¬ sonnages,'et fait mouvoir des corps d’armée nombreux, sans rompre la magie de la perspective. L’artiste capable de nous offrir, sur un espace de quelques centimètres carrés, le spectacle fidèle d’un combat, cet artiste eut certes un talent bien à part. Tout de même, l’accueil reçu par ces essais de panoramas ne répondit pas à ses espérances. Il revint alors à ses Rencontres de cavaliers et à ses Courses de chevaux. Mais la finesse de sa touche le

prédisposait à la peinture sur porcelaine. Nommé premier peintre à la Manufacture de Sèvres, devenue Manufacture impériale, il illustra force modèles de tasses, soucoupes, assiettes, des épisodes de la campagne d’Égvpte1. Ainsi se conformai t- 1.\tIl existe au musée de la Manufacture de Sèvres une aquarelle de 0m47 sur 0m30, dite La Bataille des Pyramides. C’est un projet de décoration de meuble que l’on suppose avoir été exécuté sur plaque de porcelaine, vers 1805 ou 1806. En voici la description empruntée à l’Inventaire général des richesses d’art de la France, Province, Monuments civils, t. V, p. 45 : « Dans un cadre décoré d’orne¬ ments antiques et de dix petits médaillons de figures dans la manière des pein¬ tures de Pompéi, se détache sur fond brun moucheté une composition à l’encre de chine ; l’armée turque composée de cavaliers s’élance au galop sur une divi¬ sion de grenadiers français rangés en bataillon carré et faisant une décharge do coups de fusil. Dans le fond, à gauche, les Pyramides. Sur la base du secrétaire, casques et sabres de Mars reliés par des tores de feuillage sur fond rouge Pompéi. » Les figures ont 0m03 de hauteur et l’ensemble est composé avec beaucoup de délicatesse. — A Versailles, dans la grande salle des Cardes, se trouvent des vases de Sèvres ornés d’après les dessins de Swebach, documents appréciables de l’art décoratif du premier Empire. D’après M. Pierre de Nolhac, conserva¬ teur du musée de Versailles, il est impossible d’assigner une date précise à ces vases, qui sont au nombre de quatre, se faisant pendant deux par deux. Les deux vases placés en face les fenêtres, à côté de la Bataille d’Aboukir du baron Gros,, ont 1m19 environ, tandis que les vases mis à côté des fenêtres ont 0m94. Les sujets de ces derniers vases, assez incertains, au témoignage de M. de Nolhac, semblent représenter une revue à Schœnbrunn et la reddition de Berlin, ou encore l’entrée de Napoléon à Berlin, le 27 octobre 1806. Les deux autres vases retracent des épisodes de la campagne d’Italie. La collection Denon, qui se trouve