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494 GAZETTE DES BEAUX-ARTS ses impressions d’artiste sc rajeunirent dans un voyage sur les bords du Danube. Désormais, il n’ira plus demander aux environs de Paris le décor de ses toiles; ses pérégrinations à travers les monts du Tyrol et la Forêt-Noire ont enrichi ses carnets. De ces excursions, il rapporte le Passage du Danube par S. M. r Empereur le malin du S juillet 1809) qui lui vaut la grande médaille du Salon en 18101. Mais ces sites étrangers laissaient les amateurs indifférents. Tableaux de chasse et scènes militaires avaient fondé la réputation du peintre : il leur fallait tableaux de chasse et scènes militaires. Swebach était donc condamné à refaire les mêmes toiles, mais il essayait encore de s’évader du genre imposé par sa clientèle. Il tentait d’échapper aux critiques qui visaient la petitesse excessive de ses toiles. Sa manière plus large et plus aisée parvenait à triompher de l’hostilité naissante. On le comparait aux artistes des temps passés qu’on considérait comme les dieux de l’art : ainsi, pour l’auteur du Vengeur2, compte rendu anonyme du Salon de 1812, Swebach est un « moderne Vander-Meulen ». Gault de Saint-Germain, passant en revue les exposantsde 1814, surenchérit avec plus dégoût cepen¬ dant et juge à merveille : u M. Swebach, dit Fontaines, n’est pas moins fécond que les deux précédents3, ni moins spirituel; c’est le Wouwerman de notre époque : comme le célèbre Hollandais, il a un génie facile, peint les chevaux avec autant de finesse et donne à ses figures autant d’expression. Il intéresse par le choix des sites, par son coloris clair, léger, transparent, son pinceau flou et moelleux, et sa touche terminée sans fatigue, remplie d’art et de sentiment. Le Rendez-vous de chasse, n° 852; Marche d'équipages, n°853; Débar¬ quement de marchandises; n° 862, et huit autres tableaux de l’auteur 1. Ce tableau historique moderne, de petites proportions, fut l’un de^ plus remarqués à ce Salon, célèbre dans l’histoire de l’art. On y voyait, en effet, des toiles que les générations suivantes devaient qualifier de chefs-d’œuvre : Le Serment de Vannée après la distribution des Aigles, par David; La Bataille d’Austerlitz, par Gérard; La Révolte du Caire, par Girodet; L’Empereur blessé devant Ratisbonne, par Gautherot, etc. — Pour l’auteur anonyme des Entretiens sur les oiivrages de peinture, sculpture et gravure exposés au Musée Napoléon en 1810 (Paris, 1811,in-i2), le Passage du Danube « réunit plusieurs genres qui sont tous traités avec une rare perfection; la perspective, la vérité du paysage, la fraîcheur aérienne du matin, la composition des groupes, le mouvement qui anime la terre, le calme du cie et de l’eau... que sais-je? vingt épisodes qui sont en harmonie avec le sujet prin¬ cipal, rendent ce petit tableau historique un des plus jolis du Salon » (p. lOtt-liO). 2. Le Vengeur ou la Boussole. Paris, 1812, broch. in-12, p. 13-14. 3. Il vient de relater les nombreux envois des peintres paysagistes Taunay et Demarne.