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GAZETTE DES BEAUX-ARTS un autre en selle et recevant les instructions de son maître, le troi¬ sième répondant aux questions que lui adresse une dame ; au second plan, foule de curieux. Signature et date : Swebach 1822. Placée non loin de la Barque du Dante de Delacroix, alors à ses

débuts, la Course départementale, avec sa composition dans le goût classique, devait former un assez singulier contraste. Mais la curio¬ sité alla vers les Voyageurs en berline dans le Tyrol, impressions de voyage de Fauteur. M. Thiers, dans le compte rendu de ce Salon, paru au Constitutionnel, comparait les envois de Swebach avec d’autres paysages d’un dessin intolérable et d’un coloris grotesque. Il n’hésitait pas à accorder la préférence à « ces charmants voya¬ geurs de M. Swebach », car, à ses yeux, « on n’est ni plus spirituel, ni plus sec de touche, ni plus léger, ni plus gris dans les fonds ». Mais ce jugement comportait des réserves : « que le pinceau de M. Swebach devienne plus moelleux, ses fonds moins gris, et per¬ sonne ne sera plus au-dessus de lui dans le genre qu'il à choisi; car personne n’anime de tant de vivacité des figures aussi variées1 ». Infatigable à répondre aux exigences des amateurs, Swebach continuait à camper finement sur ses toiles des personnages emprun¬ tés à la vie champêtre ou au séjour des camps. Parfois même, tel Wouwerman « étoffant » les paysages de Wynants, de Ruysdacl, de Decker, il ne dédaignait pas de collaborer aux œuvres de son ami Lazare Bruandet en les animant de minuscules figures2. En même temps, ses chevaux nerveux et fringants, de race anglaise, faisaient rechercher ses estampes sportives à l’égal des 1. A. Thiers, Salon de f 822 ou Collection des articles insérés au Constitutionnel sur l’Exposition de cette année. Paris, Maradan, 1822, p. 142. — Le musée de Marseille possède la Chasse au cerf, qui faisait partie de la contribution de Swebach à ce Salon. On a pu la voir à la Centennale de 1900 (n° 623). Un dessin à la plume sur papier blanc, portant le même titre, se trouve au musée d’Orléans Ce dessin a été acquis à la vente de M. C. Leber (1860) avec une autre Chasse, à la plume sur papier blanc, également au même musée. — Pour la Chasse ait cerf, c’est un morceau qui ne le cède en rien aux meilleurs tableaux de Swebach. C’est peut-être même celui où se perçoivent le mieux ses qualités portées à leur plus haut point de perfection : l’excellence et la vivacité du dessin, la tonalité harmonieuse du décor, la science de la perspective, et une interprétation des chevaux se ruant, se cabrant, prise sur la réalité, tout concourt à la caractériser à titre d’œuvre maîtresse. 2. V. Charles Asselineau, Notice sur Lazare Bruandet. La collection de M. Paul Marmottan comprend un paysage peint à la gouache de 0m27 de hauteur sur 0m38 de largeur dont les personnages ont été exécutés par Swebach. A figuré à la Centennale de 1889. Mais la toile la plus caractéristique de cette « collabo¬ ration v est certainement une Foret (vue du Bois de Boulogne) sur laquelle Swebach a peint une Chasse au cerf(Musée de Cherbourg ; Centennale de 1900, n° 69).