Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/582

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LADY DILRE La Gazette, maison de tradition, se doit à elle-même d’honorer, au mo¬ ment où ils disparaissent, ceux qui furent des soutiens fidèles et des col¬ laborateurs fervents de son œuvre. Cette dette est doublée quand le colla¬ borateur est une femme d’un rare ta¬ lent et d’un noble caractère, telle que fut lady Dilke, que les lettres anglaises viennent de perdre. Les amateurs parisiens, les histo¬ riens de l’art se rappellent cette phy¬ sionomie attirante, cette curiosité si vive, si parfaitement avertie sur nos collections, nos livres et nos recherches. Lady Dilke avait chez nous de nombreux amis, parmi lesquels Eugène Miintz (pour ne citer qu’un mort) exerça sur la direction de ses travaux une réelle influence. En ces derniers temps, sir Charles Dilke venait à Paris, chaque année, faire un assez long séjour, et c’était, pour sa femme, une occasion périodique de s’instruire, de se documenter, de réunir et de contrôler par des conversations, des visites aux mu¬ sées, de longues stations dans les bibliothèques, la documentation des ouvrages qu’elle préparait sur l’art français. Elle aimait aussi rechercher en France les livres les plus beaux et les plus rares, qui allaient orner la bibliothèque, renommée en Angleterre, delà maison de Pyrford, près de Woking. C’est dans cette résidence, où sir Charles Dilke et sa femme exerçaient la plus exquise hospitalité, que la mort est venue brusquement la surprendre le 30 octobre dernier, au milieu de ses livres et de ses travaux. Emilia-Frances Strong, fille d’un officier de l’armée des Indes, avait épousé en premières noces le Révérend Mark Pattison, recteur