Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/74

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L’EXPOSITION DES PRIMITIFS FRANÇAIS 69 de plus charmant, d’ailleurs, que la tète tonsurée aux chairs déli¬ cates, les yeux noirs, profonds et vagues, toute l'attitude si candide¬ ment fervente de cet adolescent illuminé ! Pierre mourut en 1384. La perfection du rendu ne permet guère d’assigner cette date à la peinture, dont l’esprit est si simple, si pur, si éloigné des nouvelles affectations réalistes. 11 faut au moins y voir, dans le xve siècle, LA VIERGE TRIOMPHANTE, PAR ENGUERRAND CHARONTON (Hospice de Villeneuve-lcs-Avignon.) l’œuvre d’un maître extraordinairement fidèle aux traditions lointaines d’un idéalisme démodé. Dans le second tableau, le chef-d’œuvre de l’école, la Pietà, désor¬ mais célèbre, de Villeneuve-lès-Avignon, le fond d’or, plus uni, plus usé, peut-être aussi trop ravivé, n’enveloppe pas les grandes figures avec la même souplesse chaude et profonde. Néanmoins, la dureté du métal, en découpant nettement les silhouettes grandioses des trois figures groupées autour du cadaA7re divin, en accentue aussi la solennité puissante et pathétique. Jamais cet épilogue de la tragédie évangélique n’a peut-être été conté, depuis Giotto, en un style si grave et si viril, avec une émotion plus intense, moins d’affecta-