Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

L’EXPOSITION DES PRIMITIFS FRANÇAIS René. La somme (à moins qu’il ne s’agisse d’un acompte ou d’un reliquat) est beaucoup trop minime pour s’appliquer à un tel travail, et l’intervalle de deux années entre les deux peintures (le Buisson fut soldé en 1476) semble bien court pour expliquer un tel agran¬ dissement de style. Néanmoins, si l’on regarde de près et le visage rond de l’ange annonciateur, aux ailes diaprées, petit-fils (comme son frère aîné, l’ange messager, dans le Buisson) des anges de van Eyck, et le visage rond aussi, mat et doux, au front large, de la Vierge, LA RÉSURRECTION DE LAZARE, ÉCOLE DE NICOLAS FROMENT (Collection de M. le Dr Rcboul, Lyon.) et ses longues mains blanches, aux doigts effilés et nerveux; si l’on compare, dans les deux toiles, et aussi dans le Saint Siffrein, les plis¬ sements puissants et larges des robes et des dalmatiques avec leurs colorations intenses et savoureuses, on se sent de plus en plus dis¬ posé à y reconnaître, avec plus d’ampleur, de liberté, de souplesse, de richesse, de charme, de beauté, la même façon de voir, sentir et exprimer. En tout cas, qu’elle vienne de Froment, d’un élève ou d’un successeur, cette Annonciation reste, avec la Pie là, le chef- d’œuvre le plus imposant de l’école, la floraison exquise et magni¬ fique d’un noble génie en pleine maturité. Quelle splendeur cha¬ leureuse de lumière recueillie sous les ogives de la longue nef,