Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/89

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L’EXPOSITION CLAUDE MONET leuse, de lumière chaste et sereine, rose tendre, vert tendre, opa¬ line. Il peignit l’allure paresseuse du soleil grêle sur les arbres et sur les pelouses molles et drues, se bornant à silhouetter les person¬ nages en tache dans l’ensemble quasi-panoramique. Claude Monet s’est plu, lui, à un décor où la lumière puisse librement régner sans qu’aucun épisode vienne distraire le spectateur des féeries qu’elle joue avec ses partenaires, les brouillards et les fumées, qu’elle va refléter dans les masses d’eau de la Tamise et LE PARLEMENT DE LONDRES, PAR M. CLAUDE MONET qu’elle réfracte sur les piles des ponts et sur les pierres des monu¬ ments. C’est un jeu d’apparences de gemmes et de bouquets, de fantasmagories perpétuellement changeantes, où les tons se nuan¬ cent, varient, glissent, se muent, dans l’effleurement du brouillard sur les eaux ou ses floconneuses retraites vers les tours des palais et des usines et vers les nuées. Claude Monet a noté des minutes rares, peut-être uniques, si parées de beauté, de diversité, de luxe, qu’elles peuvent un inslant sembler irréelles comme le domaine de la reine Mab, que devant cette pyrotechnie d’or, de rose rose, de rose rouge, de rose pointé de rouge, de pourpre, de vert de pré, de vert doré ou profondément bleuâtre, on pourrait songer un instant à croire ces visions établies