Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 31 - 1904.djvu/94

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L’EXPOSITION CLAUDE MONET 87 mourir aux arches grises et bleues du pont, sur lequel la cohue précipitée des omnibus prend vers l'orée lointaine, sur la rive, un aspect d’écrasis de foule, presque de rumeur, de brouhaha qui va se fondre comme en un gouffre sous les barres nettes et violentes des fumées du travail1. Aux heures de soleil, la course des voitures, prend des airs de fête; elles passent roses et rouges, éclatantes, quasi-dorées, tandis que la Tamise semble un lac enflammé sous un ennuagement bleu léger et vert pâle, ou qu’elle semble se gonfler dans son manteau d’opacité brochée de lueurs2 comme dans cette LE PONT DE CHARINC-CROSS, A LONDRES, PAR M. CLAUDE MONET vision3 que nous donne d’une si belle fidélité, rendant tout le charme de l’eau et sa mobilité lente, la reproduction du maître-graveur Waltner. Ici, cette file de voitures semble jetée sur le pont comme sur une table un long collier de pierreries dissemblables de couleur et de relief, mais toutes réveillées par la lumière. À un Soleil dans le brouillard'* le pont s’endort dans un bleuissement profond où viennent se fondre de longs reflets verdâtres. Un rayon pourpré, égaré, sulfureux, traîne en couleur de Styx et s’endort sous une arche où sa lueur semble charbonner, et, pour compléter cet aspect t. N° 14 du catalogue. 2. N° 23 du catalogue. 3. N°’18 du catalogue. 4. N° 15 du catalogue.