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SUPPLEMENT D'ART THE NEW YORK HERALD, FRANCE 25e PARIS. DIMANCHE. 16 NOVEMBRE, 1902. FRANCE 25a G. ROCHEI A SON ATELIER. 8oa “ Homo ” doTArenn* du Terne» »a Milieu d'un Gr&nd Jardin. EN PLEIN MOIS OE JUILLET. Le Triptyque Représentant le Vlaite de U Reine de Baba an Bol Balomon. 3: l'«t toot tu bout d* 1'tTfDU* d«» Xann, an milieu d'on bamcao <ju» tra¬ versa ou* grand* allée tonte ombragée dm tilleul», que' M„ Rocbegrosse a établi sou "borne” et sWatotier don» an èottage ru*- tiqua entouré d'an grand jardin (7«ft aux aboiomenta furiem d'an sa- parbe esniche noir, , excellent chien d* garda, qoi, d» l'aatra cQté do ta bai* qui clôtura la jqrdia, sembla vouloir m préci¬ piter sur mgi^ qna U, Rochcgrotae, oo- jraat la porto, da ion\t»\tbien\tvoulu me roàevoir.’- fl était en ooftumo da travail : larga pantalon de raloara oôtelé, chçmise rosse en toilo bleue et chwuaurei de maroquin ronge, certaine §ommaire qa'axpliqne la charnu r accablante d'un jour d'été. Tou* en fumant une cigarette, il me fait faire la tour de ce "etudio/1 ô'où sent sorties do «i largea et da ei balle» traductions de aea visions de» p#y» d'Afrique. ,(7 ait une pièce trb verte, construit a en planche» et en charpente, tans préten¬ tion h aucune recherche, mai» renfermant, cependant, quelque* meuble* intéressant», ~ni *ont d sftïsqy», paraît-il, de» souvenir» 'e famille. Ici se dresse un énorrqa lit flamand en forma de _grand'o armoira tout en bois aculpté du XVIr siècle dont Jus profon¬ deurs sont remplies de coussin», qui en fout un excellent dlvanAà une grande ar¬ moire de sacristie du ÏYe siècle, fermant à quatre portes, arec ses panneaux sculp¬ tés et ses ferrures de l'époque. Un peu plus loin, un divan oriental occupe un des angle» de i» pièce abrité sous de loorde» draperies que soutiennent de» lances inclinées. Puis ce sont des mannequins, des cheva* lots, de» études, des maquettes et mftme quelques tableaux, ainsi qu'une biblio¬ thèque toute chargée de livres qui com¬ plètent l’ameublement. Au milieu de l'atelier, sur un grand chevalet se trouvait .placé le triptyque de la Reine de Saba» qui fut exposé 1 année dernière et dunt M. Rochcgroose, qui n'est pu seulement peintre et illustrateur, mais encore sculpteur, mosaïste, décorateur, a dessiné et exécuté lui-même ïe cadre de style, cadre qui est è lui seul une concep¬ tion- des plus curieuse», l/imagination poétique de U. Roche- grosso donne chacune de ses composi¬ tions qd intérêt intense par l'ingéniosité, la richesse, l'éclat des décor» et de» cos¬ tumes dont il entoure et dont il habilla tes personnage». Dan» la conception de la Reine de Saba il a cherché, me dit-il „ à dégager et à mettre en lumière en trois épisodes mar¬ quants de la vio de son héroïne, le ç6té presque surnaturel de cette figure qui, comme celle de Salomon, relevait un peu de U magie. (7est ainsi qu'il a voulu dans le premier tableau, la reine étant sur son trône entourée de ses suivante», fèndre l'idée qu'elle reçut en un message mysté¬ rieux «t invisible pour tous, tous la forme d'une colombe, U transmission de la pen¬ sée du Roi Salomon. Pou axa ut jusqu’à la minutie dans «sa moindres détails, tout ce que rapporte la légende des fastes de la Oour de Salomon, il retrace l'épisode de la réception de U reine par le monarque sur son trône, en¬ touré de' ses guerriers, de sa cour et de •es femmes, 1a raine porto au-dessus de sa tête l'oi¬ seau mystérieux à tête de femme, et sur Je sol où elle s'avance» elle marche siir un miroir préparé è dessein, le roi ayant voulu être édifié sur le plus on moins d*. vérité du bruit répandu bhes son peuple que La reine magjoiennè avait les jambe* relues comme celles d'un boue.\t* Dans le troisième compartiment, d'ar¬ tiste synthétise l’union du.magicien et** la magicienne, dont fut issue la raoe empereurs d’Abyssinie; o'est à dire qu'il Je» représente au moment où l'ayant rt- connue asses belle, il soulève d'une main la draperie qui ferme les salles de gynécée et introduit la Reine do Saba au milieu des femmee d* «on harem. Ayant questionné M. Rochegroase sur le» raisons qui ataient déterminé chea lui ce goût pour lea tcèocs de L'antiquité ori¬ entale, il m'a dit que cela avait eu pour origine le» illustrations qu’il eût à faire pour Salammbô et qu'ayant voulu s'im¬ prégner alors an moins des vestige» de cette époque sur le» ruine» de Qartbage, il suis lancé depuü, je faisais des dessin» très modernes, orpnt collaboré même avec Forain à l'illustration du journal 'La Vio Moderne.* “Pourtant à vingt-et-un ans, j'ai obtenu une troisième médaille avec mon tableau' ,rYitel!iux Tralüé par la Populace dons le* Rues de Rome,” depuis j’ai entrepris de* genres différents, un des mes plu» grand» tableaux, "La Fin de Babylono,” qui me¬ sure neuf mètres sur sept, appartient b un do va» compatriotes^ M. Carver, de Boston, auquel je l'ai vendu il y a plu¬ sieurs années, “Actuellement, je suis charqé de la dé¬ coration d'une chapelle funéraire très im¬ portante élevée par une dame veuve à. la mémoire de ton-époux, et dont le plafond e»t' entièrement orné de mosaïques. J’ai beaucoup étudié les maître» byzantin» ù Venise et surtout à Ravtnne, et cûtohne

    • HAIÂDE.M—FORTB-LtTMlERE EN BRONZE AVEC QLORB

COQUILLE DE NACRE PAR OURBCHNER. EN avait visité Tunis et, captivé, s'était fixé en Afrique où maintenant il passait tous •es hivers. Ar«c ses cheveux coupes en frange sur Le front, sa barbe noire taillée en pointe et rtriéa de fila d’argeot, sou teint légère¬ ment basané, M. Rocbegro&se a vaguement l'air d'un magu d’Orient et pourtant il est né s Versailles; mais sans doute f'air ambiant au milieu duquel il grandit dans un milieu littéraire, romantique, et la fréquentation constante do maîtres tels qup Flaubert, et Théodore de Banville, par lequel il fut élevé, celui-ci ayant épousé sa mère en secondes noces, eurent- ils une influença prépondérante sur tou génie en même temps que sur son individu. "Ma vocation .pour la peinture; * ou plutôt pour l'art, est toute spontanée; mon beau-père, qui m'éléta, car il s'occupa de moi dès l'âge de cinq ans, ne fit rien pour la forcer; il considérait qu'il iaut laisser la plus grande liberté tous ce rap- port à chacun, mais certainement ta tutelle no fut pas étrangère à cette orientation. A l'âge da dix-huit an», ayant crayonné tout* ma vie, m'ayant pas enoor* trouvé ma voie dan» le genre oivje me ï les anciens maîtres mosaïstes j'applique leur art à la décoration architecturale." Oc travail est considérable» et l'artiste m'eu a fait voir la maquette. Il exécute aussi des modèle» do tapis et prépare un grand portrait de Mme. Bochegrosae» qui m'a paru promettre beaucoup. Mais ce n'est pas seulement dans les Erandea compositions qu'on peut admirer e talent de ce jeune maître, car j'ai tu chea lui un grand nombre do petit» ta¬ bleaux de chevalet» <n cour» cTaxôcutiun, entre autres un intérieur de harem, uno jeune Egyptienne jouant de la cithare, et surtout quelques paysage», études d'Al¬ gérie, d'une intensité de couleur et*dé lumière qui sont à me» yeux t’àjuvre d'un paysagiste de premier ordre. M, Rochegrasse, qui vît très simple¬ ment, aaaea retiré et. travaillant Veiucoup. no cultive aucun sport sauf l’escrime ; il fait partie du Cercle de»l'Escrime et de l'Epee ; là se borne son besoin de mouve¬ ment. fî est marié depuis quelque» an¬ nées, mais il n'a pas d'enfant. ~ M. Roche grosso net chevalier de îa Légion d’honneur dépôts 1592 et je suit surpris qu'il n’eu soit encore qtj'à ce grade. LES MANUSCRITS ET LES LIVRES. Rgreté* Bftltoffiiphiqaea, Incunable*, à Munich «t 4 Francfort—Le* Mioi&tarea. BEAUX MANUSCRITS ENLUMINES Heures «t Hlea*ls da XV* Siècle Estampes «t Gravure*, de Diverse* Ecoles, Outre sca marchands de tableaux, anciens et modernes, ses marchands d’objets d'art et de curiosités, Munich possède aussi des libraires et des mar¬ chands d’estaofies, dont les stocks mi- importants sont pour les amateurs du plus haut intérêt. Passant en revue comme chaque année les curiosité» et les objet* de différents genres oue l’on y peut trouver dans Je commerce, le Htaitp se pouvait manquer de donner un aperçu des quelques raretés bibliographiques actuellement en possession des principales maisous ayant comme spécialité cette branche si intéres¬ sante do la librairie. M. Jacques Itosenthat m’a fait voir cette année quelques exemplaires de précieux manuscrits ornés de miniatures, dont la co- • menclatore, quo j'ctl puis donner, quoique très succiote, ne saurait manquer d’inté¬ resser les bibliophiles Livre* du XVme Siècle. La premier est un grand livre de prières du quinrième siècle sur vélin, orné de dix miniatures, de quatorze grandes lettre» historiées et de nombreuses bordures, œuvre d’un artisto espagnol, dont le faire se distingue par une grande richesse <li- toloris. Ce manuscrit, in-folio, d’une con¬ servation parfaite, est relié en veau fou g. et doré sur les plats. Dans up vieux coGret de cuir de Russie, que M. Rosenthal a ouvert devant moi, non sans un certain respect, u trouvait un miexel français du quinzième siècle, orné de dix-aept miniatures d’nne fin crac in¬ comparable, véritables ehefs-d’œuvT* de l’art français k cette époque. Chacune porte les armes de la famille de Montmo¬ rency, qui sont, comme on le sait, d’argent k la croix do gueulea, cantonnée ue aeise alésions d'aiur. C’est là un document in- • téressant pour quelques-uns des chartriers français J’ai admiré également un charmant livre d'heures, dont les miniatures et lee orne¬ ment* sont attribués à Gérard David. L’école iHeraamde des enlumineurs du quinaième siècle est représentée par uii manuscrit sur les fortifications, illustrù par Jean Hartlieb, de Munich. . C'est là une pièce rare, comme le sont générale¬ ment les manuscrits de cette époque trai¬ tant de sujets militaires. Un manuscrit français de la même époque,orné d'un grand nombre de minia¬ tures d’une grande finesse, m’a surtout frappé par le snjat que représente l’une d’elles, un combat entre lea Français et les Anglais avec, à l'arrièro-plan, une vu* de la ville de Paria et l’égliio Notro-Damc. Bullo du Pape Fie IL Au milieu d’un grand nombre d’inenna- bfes rares et précieux, j’ai i enregistrer la Bulle du pape Pie II, relative 1 la dé¬ chéance de Diéther dTsenhurg, archevê¬ que do Mayence, adressée, fi’'‘tous gens de l’église do ce diocèse," les déclarsut dé¬ gagés de leur serment envers Diéther, qui y est traité de "bftto pestilentielle." Cet incunable, daté Tyburi, anno 1461, ne com¬ prend qu’un seul feuillet, imprimé par Jean Fuît et Pierre Schoffèr, à Mayence. File est d’une imrignerareté. On ne con¬ naît quo trois exemplaires, dont celui que je viens rie citer, jlr. Jacques Rosentnal possède également un exemplaire de U Bulle de Pie II, de la même année qne 1s précédente.,contenant le décret d’insta! Iiô ]SlEV\/ YOf^IÇ fiEt^AIiD publie le diiuanehe, tous les quinze joufs^ un Supplément illustré eonsaeré aux questions d’at»t. PRIX DU NUMÉRO AVEC SON SUPPLÉMENT\t 25\tCENTIMES Pour les abonnements et la publicité illustrée, s’adresser au bureaux du JYcw York herald, 49, avenue de l’Opéra, Paris.