L’EXPOSITION DES PRIMITIFS FRANÇAIS
(quatrième et dernier article[1]
)
i l’âme chaude et mobile, passionnée, familière
ou tragique, de la France méridionale éclate dans les salles d’Avignon et d’Aix, l’âme plus discrète et réfléchie, l’âme douce et tempérée, de la France centrale se révèle dans les salles de Tours et de Moulins. Ici s’arrête le plus volontiers
et s’attarde notre public, car c’est ici qu’il trouve ce qui correspond le mieux à ses habitudes et ses goûts : une science, fine et profonde, émue et bienveillante, de la physionomie humaine, avec un sentiment, net et franc, de la grâce délicate
dans les êtres faibles, la femme et l’enfant, autant que de la virilité
intelligente dans les hommes. C’est pour lui, encore, une grande
joie de n’y point éparpiller des admirations anonymes et d’y reconnaître,
dans la plupart des œuvres recueillies, la marque indiscutable
de deux maîtres supérieurs dominant tout leur entourage. L’un
de ces maîtres est Jean Fouquet (1420 ? † vers 1483), de Tours, triomphalement
rentré dans la gloire depuis l’acquisition de ses miniatures
par le duc d’Aumale. L’autre, hier encore oublié, un peu pos-
- ↑ Voir Gazette des Beaux-Arts, 1904, t. I, p. 333 et 451, et t. II, p. 61.