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cathédrale qui s’y affirment, avec plus de simplicité toutefois, une élégance plus nerveuse et plus fine, qui fait penser à celle de l’Angelot du Lude, fondu en 1475.

Bien que nous n’en connaissions pas la provenance exacte, nous sommes très tentés d’attribuer à l’école de la Loire la grande Vierge en pierre peinte prêtée à l’Exposition par M. Georges Hoentschel et pour laquelle nous avouons ressentir une tendresse toute particulière. L’attitude est d’un calme parfait ; le manteau aux plis lourds tombe logiquement du coté droit, retenu par la main gauche ; le corsage moule chastement la poitrine étroite ; l’Enfant, assez laid, en bon gothique, a un charme de naïveté amusant : il ne se tortille, ni ne grimace. La tête, enfin, au galbe arrondi, aux yeux demi-baissés, est d’une douceur et d’un charme extrêmes, le nez spirituellement retroussé lorsqu’on le voit de profil ; mais les yeux sont sans malice. On dirait un prototype plus gothique de la Vierge d’Olivet. C’est ainsi qu’on devait travailler autour de Michel Colombe vers 1480, à une date où le grand imagier était déjà célèbre, mais d’où aucune de ses œuvres, hélas ! n’est parvenue jusqu’à nous. Le type de la ligure, en tout cas, est de ceux qu’affectionnent Fouquet et Bourdichon, de ceux qu’on rencontre encore sur les coteaux d’entre Loire et Cher.

Le buste de Sainte Femme ou de Vierge douloureuse appartenant à M. Durand-Gréville est conçu dans un esprit analogue et fait songer à certaines sculptures contemporaines du Sépulcre de Solesmes, La charmante statuette enfin de Mme la marquise Arconati-Visconti témoigne à la fois d’une persistance des habitudes gothiques dans la draperie et de ce même adoucissement des types, de cette même recherche de grâce plus fine dont le Maître de Moulins est le représentant par excellence dans le domaine de la peinture.

Mais, de même qu’entre les grandes écoles de peinture du xve siècle, dont l’école de la Loire et l’école de Provence sont les plus importantes, beaucoup d’autres moins considérables ou moins caractérisées pourront se préciser au fur et à mesure d’études plus approfondies, de même on arrivera sans doute à déterminer des ateliers intermédiaires, vivant sur des traditions françaises, mais plus ou moins influencés par la propagande des ateliers flamands et la diffusion de leurs produits, et, bien que l’on parle avec quelque ironie d’une « école supposée d’Amiens », nous pensons pour notre part qu’il existe des sculptures picardes de la tin du xve et du début du xvie siècle, dont un Saint Jean-Baptiste