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Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 32 - 1904.djvu/195

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pas de rechercher comment cet art pouvait se rattacher à la France ; aujourd’hui, au contraire, il semble impossible d’en écrire l’histoire sans montrer tout ce qu’il a emprunté pendant trois siècles, du xiie au commencement du xve, à la grande école gothique française.

marcel reymond

Cornelius von Fabriczy. — MEDAILLEN DER ITALIENISCHEN RENAISSANCE[1]


Les historiens d’art qui ont en Allemagne la plus haute autorité nous donnent un exemple en consacrant leur temps et leur science à des ouvrages de vulgarisation qui résument des années de recherches personnelles. Après les monographies d’artistes et de villes d’art, qui forment une bibliothèque, une collection de monographies des « arts mineurs » est en cours de publication. Une dizaine de volumes ont paru en trois ans. L’un des plus remarquables est celui que M. C. de Fabriczy, l’historien de l’architecture et de la sculpture italiennes, vient d’écrire sur les médailles de la Renaissance. Les 180 figures insérées dans le texte rendront service à tous les travailleurs qui consultent difficilement le splendide et coûteux ouvrage d’Aloïs Heiss. Plusieurs pièces uniques sont reproduites ; l’auteur a tenu à présenter, à côté des médailles les plus célèbres, celles qui lui ont donné prétexte à des attributions nouvelles, déjà indiquées par lui dans le Repertorium für Kunstwissenschaft ou l’Annuaire des musées prussiens, ou présentées ici pour la première fois.

L’histoire de l’art du médailleur est suivie dans les différentes villes d’Italie où il a fleuri depuis la fin du xive siècle jusqu’à la fin du xvie de Padoue, au temps des Carrara, jusqu’à Rome, au temps de Sixte-Quint. L’œuvre des maîtres est caractérisée avec beaucoup de finesse : l’air de bonté et de grâce que prend sur les médailles de Gian Cristoforo Romano le profil du terrible Jules II, comme les têtes charmantes d’Isabelle d’Este et de Lucrèce Borgia ; la vigueur excessive du Vénitien Alessandro Vittoria, qui garde dans ses médailles la verdeur du xve siècle, alors que ses monuments d’architecture représentent la Renaissance dans toute sa pompeuse maturité. Plusieurs artistes prennent dans le livre de M. de Fabriczy une physionomie plus nette, au milieu du groupe de leurs œuvres savamment reconstitué : tels sont Pieiro de Fano, Pier Jacopo Bonacorsi dit l’Antico, les deux Mantouans Gian Maria Cavalli et Gian Maria Pomedello. Une étude particulièrement attachante est consacrée à deux médailleurs italiens du xve siècle qui ont travaillé dans les pays du Nord : Niccolo di Forzore Spinelli, qui fut médailleur de Charles le Téméraire, et auquel M. de Fabriczy attribue une médaille unique du frère de ce prince, Antoine, le « bâtard de Bourgogne » ; Adriano Fiorentino, qui en 1498 exécuta le buste de l’électeur de Saxe Frédéric le Sage et la médaille du conseiller Degenhard Pfeffinger. Des attributions nouvelles modifient le catalogue des médailles laissées par les artistes les plus célèbres : M. de Fabriczy, après M. Venturi, rend à Vittore Pisano le médaillon de L. B. Alberti (exemplaire du Louvre), qui passait pour l’œuvre du fameux théoricien

  1. Leipzig, H. Seemann Nachf., 1903. Un vol. in-8o, 108 p., avec 180 fig. dans le texte.