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sance de Turner. Entre le visiteur et l’artiste, il nous a semblé, quant à nous, que les rapports se détendaient. L’esprit critique, chez le premier, laissait place au bien-être d’un plaisir non contrarié. L’artiste, qui n’était pour rien dans la combinaison, vous permettait de l’admirer à l’aise, sans vous imposer telle ou telle vue ambitieuse mais moins séduisante de son œuvre. Les peintures d’histoire n’étaient pas nombreuses quatre seulement. Mercure et Hersé, qui fut exposé à l’Académie Royale en 1811, en même temps que l’Apollon tuant le serpent Python, de la National Gallery, rappelait plutôt


ulysse raillant polyphème, par Turner
(National Gallery, Londres.)

le Passage du pont, de 1815. C’était un paysage anglo-romain, avec ponts, ruines et grands arbres majestueux s’élevant dans un ciel clair d’été. Les trois autres tableaux étaient : L’Enlèvement d’Europe et Mercure et Argus, tous deux de 1836, et L’Enlèvement de Proserpine, de 1839, ou du moins exposé en 1839 Ces dernières œuvres se distinguent de celles de 1811 par une intervention moins théorique de la nature, mais peintes assez tard ; on pourrait croire que l’auteur n’a fait que réaliser là des projets anciens, esquissés peut-être depuis longtemps. Rien ne lui était plus facile que de concevoir de pareils sujets après s’être assoupli sans cesse, de 1807 à 1819, à ce genre d’étude. En cet espace de douze années, travaillant assidûment à son Liber Studiorum, il avait exécuté pour cette publication soixante et onze compositions. L’abondance des éléments que