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histoire du mouvement janséniste

femmes, des questions litigieuses dont les savant seuls auraient dû avoir connaissance : les Provinciales latines de Nicole ne sont pas à l’index. M. Brunetière a cherché longuement dans le Bullarium et ailleurs, et il s’étonnait dans sa candeur de n’y point trouver de bulle ou de bref contre Pascal ; la mise à l’index « n’est, rien du tout », écrivait ce dernier dans une lettre à Mlle de Roannez, et en effet c’était si peu de chose que l’année suivante le Parlement défendit à la Sorbonne d’en faire mention dans ses registres, attendu que la France ne reconnaît pas de valeur aux décisions de l’Index.

Les Jésuites obtinrent du moins dès le mois de février 1657, un mois avant la publication de la 17e lettre, un arrêt du Parlement d’Aix qui condamnait les Provinciales, ces « libelles diffamatoires faits pour troubler la tranquillité publique », à être brûlées publiquement par la main du bourreau. Elles échappèrent cependant au feu, car aucun des magistrats ne consentit à livrer son exemplaire ; il fallut brûler à leur place un vieil almanach. Les Parlements de Grenoble et de Bordeaux refusèrent de se rendre ridicules en publiant des arrêts semblables, et les choses n’allèrent pas plus loin. Les Provinciales latines de Wendrock furent également proscrites par un arrêt du Conseil du roi, du 23 septembre 1660, et les conséquences de cette proscription ont été bien curieuses. Pascal ne figure pas à la date du 19 août dans l’obituaire manuscrit de Port-Royal qui fait mention de Racine on n’a pas osé consacrer un article nécrologique à l’auteur des Provinciales. Il y a plus : tant que l’ancien régime a subsisté, on n’a pas réimprimé en France les Petites Lettres de Montalte, parce qu’il eût été impossible d’obtenir un privilège ou même une