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histoire du mouvement janséniste

puissants adversaires. Enfin Pascal parait avoir été frappé de ce qu’il lut dans une de ces réponses si plates et si mal tournées que lui opposèrent alors les Jésuites. L’un d’entre eux, le P. Morel, qui s’intitulait prieur de Sainte-Foy, mêlait aux injures grossières les objurgations et les avis, et il finissait par dire en propres termes en s’adressant à Louis de Montalte : « C’est le souhait que je fais qu’après une sincère et constante réconciliation avec les Jésuites, vous tourniez votre plume contre les restes de l’hérésie, les langues impies et libertines et les autres corruptions du siècle…. » Pascal ne chercha point à se réconcilier avec les Jésuites, mais il obtempéra dans une certaine mesure aux vœux du P. Morel ; dès le mois d’avril 1657, il résolut de tourner sa plume contre les libertins. Il laissa Nicole publier à l’étranger, en français pour les gens du monde et en latin de Térence pour les théologiens, de nouvelles éditions des "Provinciales" ; quant à lui, s’élevant au-dessus des querelles particulières, il entreprit de démontrer à tous, surtout aux incrédules et aux indifférents, l’indiscutable vérité du catholicisme sans épithète qu’il savait être celui de Port-Royal.

Il s’était senti encouragé, au plus fort de la composition des "Provinciales", entre la 5e et la 6e, par un événement véritablement extraordinaire, la guérison subite de la petite Marguerite Périer, sa nièce, qui était rongée par un ulcère épouvantable. Racine a parlé longuement et sans la moindre réticence de ce qu’il appelait sans hésiter le grand miracle de la Sainte Épine (vendredi 24 mars 1656). Sainte-Beuve aurait mieux fait de lui laisser la parole et de se récuser absolument, car son chapitre sur la Sainte Épine ne lui fait pas honneur. Son aperçu d’explication physio-