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chapitre vii

Fréquente Communion ni les Provinciales ; on ne leur avait jamais parlé des cinq propositions, et sans doute quelques-unes d’entre elles ne connaissaient pas même de nom M. Jansénius. Tout ce qu’elles en savaient c’était ce que M. Bail leur avait dit dans ses allocutions furibondes du 11 juillet et du 22 août, dans l’église de Paris et dans celle des Champs.

Il faut cependant faire quelques exceptions, car il y avait à Port-Royal un certain nombre de religieuses qui étaient parfaitement au courant des questions au sujet desquelles on bataillait si fort ; mais ce n’est pas chez la Mère Angélique qu’elles en avaient eu connaissance. Ainsi la Sœur Anne-Eugénie de Saint-Ange Boulogne, veuve et mère de deux enfants, déclara au visiteur qu’elle n’ignorait pas une des choses qu’on disait contre Port-Royal, et qu’elle avait lu la plus grande partie des livres relatifs aux disputes du temps. Une fois devenue religieuse, on ne lui en avait jamais parlé, et elle n’en avait jamais entretenu les autres. La Sœur Madeleine de Sainte-Candide Le Cerf, âgée de cinquante-trois ans, et qui avait été près de vingt ans professe à Maubuisson, était très bien informée « des questions du temps et de l’hérésie qu’on dit être céans » ; elle avait eu affaire à des molinistes fanatiques qui lui avaient dit beaucoup de mal du jansénisme et de Port-Royal en particulier. Le cas de la Sœur Marie-Angélique de Ste-Thérèse, fille de Robert Arnauld d’Andilly, est encore plus curieux. Élevée à Port-Royal, elle en était sortie parce qu’elle n’avait pas envie d’être religieuse. Elle ne savait pas alors que son oncle eût fait des livres. Rentrée dans le monde, elle lut La Fréquente Communion, et trouva, dit-elle au doyen de Contes, « que ce livre était très bon et très beau. M. de Contes dit qu’il l’était aussi et que j’avais