Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 1.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
chapitre viii

Port-Royal à la société contemporaine, et on pourra juger ainsi du plus ou moins d’importance du mouvement janséniste lors de la mort de la Mère Angélique, survenue le 6 août 1661.

C’est par la famille Arnauld que Port-Royal est entré en relations avec le monde extérieur ; ce sont les Arnauld qui lui ont fait connaître saint François de Sales, et par conséquent sainte Chantal ; et Robert Arnauld d’Andilly a été le plus intime ami de l’abbé de Saint-Cyran : il a recueilli, publié et propagé ses Lettres spirituelles et ses autres œuvres. Ce sont les amis de la famille Arnauld qui ont envoyé leurs fils aux Petites Écoles et mis leurs filles en pension chez les religieuses. On les élevait, comme le prescrivaient les constitutions, « dans l’indifférence pour être religieuses ou du monde, selon qu’il plaira à Dieu d’en disposer ». Mais beaucoup de ces jeunes filles, voyant la joie que manifestaient leur maîtresses, prenaient goût à la vie du cloître, on le vit bien lors des expulsions d’avril 1661, lorsqu’il fallut les arracher de force, malgré leurs larmes et leurs cris, pour les rendre à leurs familles.

Il y avait donc parmi les professes de chœur un certain nombre d’anciennes pensionnaires ; on les reconnaissait, entre autres choses, à leur belle écriture, qui faisait l’admiration du doyen dé Contes, et qui était bien celle de la maison. On les reconnaissait aussi à d’autres marques les interrogatoires de 1661, et quelques années plus tard les récits de captivité, les procès-verbaux et les lettres écrites à la dérobée firent voir que plusieurs des professes antérieures à cette date étaient des femmes supérieures. Telles ont été la Mère Madeleine de Sainte-Agnès de Ligny, la Sœur Dorothée de l’Incarnation Le Conte, l’incomparable Sœur Angélique de Saint-Jean Arnauld, la Sœur Angélique de Saint-Alexis d’Hécau-