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chapitre ix

excommunia sans hésiter deux de ses chanoines qui, malgré sa défense, étaient allés signer à Limoux devant des juges séculiers. On peut juger de l’effet produit par ces démarches audacieuses. Le chancelier Séguier, un si bon ami des Jésuites, dit tout haut que M. d’Aleth avait voulu cracher au nez du roi, et on s’apprêtait à sévir contre lui.

Ce fut bien autre chose l’année suivante, quand une nouvelle bulle d’Alexandre VII, qui faisait sien le Formulaire de Marca, mit les évêques français au pied du mur et leur enjoignit de signer et de faire signer (15 février 1665). Pavillon fit comme tous les autres un mandement, mais conforme à ses principes, soumission de foi pour les dogmes, soumission de respect à l’égard des faits, et il fut suivi aussitôt par les évêques de Pamiers, d’Angers et de Beauvais, qui se solidarisaient avec lui. Un arrêt du Conseil condamna ces quatre mandements et le roi demanda au pape, qui se mourait, deux brefs contre les quatre évêques. Alexandre VII nomma une commission de neuf évêques triés sur le volet pour contraindre les prélats récalcitrants à une signature pure et simple ; en cas de refus, les commissaires agiraient contre eux « par voie de fait, suspension, interdiction et peines plus grièves ».

La mort du pape (20 mai 1667) suspendit l’effet de ces mesures de répression, et le cardinal Rospigliosi, qui avait fait preuve de modération, fut élu, sous le nom de Clément IX, en juillet 1667. Comme il est entendu que la papauté ne meurt jamais, Clément IX commença par expédier à Louis XIV un nouveau bref qui désignait neuf prélats pour réduire les quatre récalcitrants. Mais les choses avaient bien changé depuis la mort d’Alexandre VII. Dix-neuf évêques, la fine fleur de l’épiscopat français, s’indignèrent à la vue