Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 1.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
chapitre ix

l’heureuse conclusion d’une si grande affaire. Il avait pris des engagements formels avec Dorothée Perdreau, qu’il avait fait élire abbesse par une demi-douzaine de signeuses, et il avait promis à cette femme que jamais la Mère de Ligny, l’abbesse légitime, ne reviendrait au faubourg Saint-Jacques. Ce fut seulement le 18 février 1669, après quatre mois de pourparlers, que Duplessis de la Brunetière, grand vicaire de l’archevêque de Paris, rétablit solennellement les religieuses des Champs, séparées à tout jamais de leurs indignes compagnes, auxquelles elles avaient écrit vainement pour leur offrir le baiser de paix. À dater de ce jour, comme le dit joliment Sainte-Beuve, « nous laisserons le Port-Royal de Paris sous la conduite de sa mère Dorothée Perdreau il nous devient tout à fait étranger, excepté dans les quelques occasions où il reparaîtra, comme un mauvais frère, pour dépouiller notre unique Port-Royal, celui des Champs[1] ».

Mais en terminant ce chapitre, il convient de faire une observation qui n’a pas été faite, et qui a bien son importance pour l’histoire de l’Église de France. En somme la paix dite de Clément IX est due pour la plus grande part à un sursaut d’énergie de l’épiscopat français, qui s’est dégagé en 1668 de l’étreinte des Jésuites. Comptons les évêques ; ils étaient quatre au début auxquels s’en joignirent dix-neuf quand les Jésuites voulurent immoler ces quatre. L’affaire du Rituel d’Aleth en groupa vingt-neuf, et c’est parce qu’il craignait d’en voir quatre-vingts se soulever que le pape donna les mains à un projet d’accommodement. Si Louis XIV avait été vraiment le roi très chrétien, il aurait compris la portée de ce grand événement il se

  1. Port-Royal, tome IV, p. 409.