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chapitre xi

sévères qui sont restées manuscrites et que l’on a bien fait de ne pas publier. Il souffrit beaucoup et il tâcha de se justifier ; mais rien ne le fit revenir sur sa détermination, et il obtint en 1683 une permission écrite de reparaître à Paris sans danger pour sa liberté. Il se logea dans le faubourg Saint-Marceau, estimé de Bossuet et visité assidûment par Racine ; il y composa un Traité de la grâce générale qu’Antoine Arnauld réfuta sans aigreur et dont on cherche aujourd’hui à tirer parti en faveur du molinisme. Nicole mourut trois mois après l’archevêque de Paris, en novembre 1695 il avait souhaité que son cœur pût être porté à Port-Royal, mais on le sut trop tard et ce vœu ne put être exaucé. Il témoigna son amour pour ce monastère d’une façon plus effective, car il fut en mourant le fondateur de ce qu’on appelle à tort la Boîte à Perrette. Il légua des fonds au Père Fouquet, de l’Oratoire, et à l’abbé d’Eau bonne, mais non pas à sa servante. Ses héritiers firent un procès ; ils le perdirent, et la petite société d’amis de Port-Royal que Nicole mourant avait constituée en 1695 subsiste encore.

On voit assez quelles conséquences pouvaient avoir pour Port-Royal la mort d’Arnauld et celle de Nicole, bien que la persécution les eût désarmés. Il y eut un moment d’agitation au sujet d’Arnauld ; Racine eut le courage d’assister seul à son service auquel on avait prié tout Paris ; Rancé qui pourtant était aux trois quarts janséniste, poussa un malencontreux Enfin ! qui dénaturait sa pensée, et qui lui attira de la part de Tillemont et de Quesnel des semonces très vives. Le déséquilibré Santeuil fit une épitaphe élogieuse qu’il désavoua piteusement pour complaire aux Jésuites, ce qui lui valut une bonne réprimande en vers latins, composée par Rollin. La mort de Nicole, enterré sans