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chapitre xvi

Ces avocats avaient pris fait et cause, au mois de septembre 1730, pour quelques ecclésiastiques du diocèse d’Orléans ; leur Mémoire fut supprimé comme séditieux, le 30 octobre, par un arrêt du Conseil. Alors deux cent cinquante-deux avocats et maître Tartarin, leur bâtonnier, prirent la défense de leurs confrères, et l’affaire fut arrangée à l’amiable, grâce à l’intervention du chancelier Daguesseau. Mais certains évêques se déchaînèrent contre la consultation des quarante ; il parut des mandements venus d’Embrun, de Laon, de Cambrai, de Paris enfin. Les avocats, indignés de se voir traités d’hérétiques par leur archevêque demandèrent justice, mais en vain ; un nouvel arrêt du Conseil donna raison à Vintimille. Désespérés, ils cessèrent de paraître au Palais ; ce fut une grève générale. Dix d’entre eux furent exilés, mais ce coup d’autorité n’intimida pas les autres ; on ne vit pas un avocat dans les tribunaux depuis le 27 août 1731 jusqu’au 26 novembre. Ils rentrèrent alors, parce qu’on leur annonça qu’ils allaient avoir pleine satisfaction. En effet, les dix exilés furent immédiatement rappelés, et le 1er décembre parut un arrêt du Conseil que l’on a pu qualifier de bizarre ; on y disait que les imputations de l’archevêque avaient été causées par un simple malentendu, et sans faire la moindre allusion à l’éclatante protestation des avocats on passait à l’ordre du jour. Ce fut alors, durant près d’une année, jusqu’au mois de mai 1732, un enchevêtrement inextricable d’arrêts du Parlement cassés par des arrêts du Conseil, de remontrances inutiles, de lettres de cachet défendant au Parlement de délibérer sur les affaires de la Bulle, d’audiences demandées au roi et refusées par lui, etc.

Il y avait beaucoup d’électricité dans l’air, mais l’o-