Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 2.djvu/11

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nesse contresigné la Déclaration de 1682, et comme évêque de Fréjus, il avait dans ses instructions pastorales établi formellement les dogmes augustiniens de la Grâce efficace par elle-même et de la Prédestination gratuite. Il jugeait très sévèrement la Bulle de Clément XI, et néanmoins il s’employa dix-sept années durant à la faire reconnaître comme loi de l’Église et comme loi de l’État. Tous les actes de rigueur contre les Parlements, contre les évêques appelants et contre les ordres religieux ont été inspirés par lui il a persécuté Soanen, Colbert, Caylus, Noailles même, et une infinité d’autres ; il a avili la Sorbonne et désorganisé l’Université enfin il a nommé un certain nombre d’évêques fanatiques et intolérants, tels que Charancy, Condorcet, Poncet de la Rivière, Hérelle de Montmorin, qui ont inauguré peu de temps après sa mort le régime odieux des billets de confession et des refus de sacrements. Il a beaucoup contribué à la capitulation finale du chancelier Daguesseau, et néanmoins il a été jugé très sévèrement par l’avocat général Daguesseau de Plimont, un des fils du chancelier, dans ses Mémoires inédits. L’auteur de ces Mémoires parle des injustices et des violences de Fleury, de ses sentiments de jalousie, de haine, de vengeance ; il l’accuse d’avoir donné à la France victorieuse en 1738 « une paix honteuse et misérable ». Il dit enfin que l’on amusait la vieillesse du cardinal du récit des persécutions faites aux jansénistes, et que ses flatteurs lui décernaient les titres de pacificateur de l’univers et de prochain pacificateur de la religion. « Que doit-on attendre, ajoute-t-il, d’un vieillard soupçonneux, violent par faiblesse, et qui suit les passions d’une armée de prestolets furieux ? » La conclusion de Daguesseau de Plimont était que la guerre religieuse entreprise par