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aujourd’hui. L’affaire fut reprise en 1775 par le même Sigismond d’Arnay, qui lança un nouveau prospectus. Il avait recouvré, disait-il, beaucoup d’ouvrages qui lui étaient inconnus en 1759 ; il distribuait les matières d’une manière plus rationnelle, en commençant par la correspondance, et l’éditeur suppliait les personnes qui posséderaient un portrait d’Arnauld par Champaigne, de le lui faire connaître. C’est ainsi que l’on a en tête du dernier volume l’admirable gravure de Massard, un pur chef-d’œuvre. La publication comprendrait environ 30 volumes qui paraîtraient deux par deux, à raison de huit volumes par an à 10 livres l’un. Cette fois Sigismond d’Arnay n’éprouva aucune difficulté la belle édition de Paris-Lausanne parut régulièrement de 1775 à 1783, grâce au dévouement des excellents éditeurs Dupac de Bellegarde, Larrière et Hautefage ; elle comprend 43 volumes, et cette fois encore la haine aveugle des Jésuites ne les a pas bien servis : ils ont travaillé sans le vouloir à la glorification plus complète de leur plus grand ennemi[1].

Les Jésuites jouaient de malheur en ce temps-là, et on le vit bien en 1761, lorsqu’ils engagèrent spontanément l’affaire Mésenguy, dont les conséquences auraient été incalculables, si elle avait réussi au gré de leurs désirs. François-Philippe Mésenguy (1677-1763) est une de ces physionomies charmantes qu’on aurait voulu voir étudier par Sainte-Beuve. L’auteur de Port-Royal aurait pu écrire à son sujet des pages ex-

  1. Le principal éditeur des œuvres d’Arnauld fut l’abbé Hautefage. (V. son Éloge, imprimé en 1816 ; Paris, Égron, 24 p. in-8o.) Il s’installa à Lausanne durant six ou sept ans, moyennant une rétribution très modique, dont l’imprimeur, fort obéré, ne lui donna que la moitié. C’est à l’abbé Hautefage que revient surtout l’honneur de cette belle publication.