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vel archevêque pour l’acceptation de la Bulle était adressée non pas au clergé, mais aux fidèles, et les curés, au nombre de vingt-huit, se dressèrent devant l’archevêque pour lui demander de ne pas désorganiser leurs paroisses. Une autre fois, ils l’invitèrent à continuer les informations commencées par son prédécesseur au sujet de quelques miracles du diacre Paris ; partout enfin il les trouvait sur son chemin pour contrecarrer ses projets en faveur de la Bulle. Il se plaignait officiellement au roi, en disant qu’il était honni et méprisé dans son diocèse. « J’en crèverai», disait-il, car ce prélat bon vivant avait une grande verdeur de langage et beaucoup d’esprit. Découragé, il écrivit un jour que les évêques n’avaient plus qu’à brûler leurs mitres et à les remplacer par des bonnets de nuit. Pour obéir à Fleury qui le harcelait, il demandait la fermeture du cimetière de Saint-Médard ; il publiait les malencontreux mandements dont il a été parlé ci-dessus, notamment celui qui condamnait les Nouvelles ecclésiastiques, et il voyait les curés refuser absolument d’en donner lecture, ou les fidèles sortir en foule pendant qu’on le lisait.

Dix ans après son arrivée, il y avait encore à Paris vingt curés qui lui résistaient en face, et quelques-uns d’entre eux, comme Rochebouet, curé de Saint-Germain-le-Vieux dans la Cité, étaient des convulsionnistes avérés[1]. Un libelliste put même dire à Vintimille que sa conduite envers ses curés rebelles était inexplicable et scandaleuse, car s’il croyait sincèrement que la Bulle Unigenitus fût une loi de l’Église, il avait le devoir d’interdire et d’excom-

  1. Rochebouet n’était pas appelant, il appela de la Bulle sur son lit de mort, et n’en fut pas moins enterré solennellement dans sa paroisse en 1743.