Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 2.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seté on ne peut plus évidente[1]… » Ce n’était de la part du P. Minard, un vieillard qui mourut l’année suivante (en avril 1798), que l’application du principe de la correction fraternelle, et il ne publia pas sa mercuriale. Des laïques moins discrets poussèrent les choses plus loin, car ils s’efforcèrent d’empêcher Royer, le prédicateur du pichonisme et l’ennemi de la grâce, de monter sur le siège épiscopal de Paris. Ils avaient fait, disait le signataire de leur réclamation[2], « des neuvaines au tombeau du bienheureux diacre [Pâris] », et ils disaient que si l’on persistait à nommer Royer, « le tombeau du bienheureux diacre s’ouvrirait pour reprocher à leurs respectables pères Bailliet et Beaulieu leur infidélité à la grâce et leur refroidissement à la défendre ». Royer n’en fut pas moins élu les jansénistes qui composaient en grande majorité le Presbytère de Paris, et à leur tête Augustin Bailliet, curé de Saint-Médard et Le Blant de Beaulieu, curé de Saint-Étienne du Mont, vécurent en très bonne intelligence avec lui.

C’était d’ailleurs le principe qu’avaient fait prévaloir, au lendemain de la Terreur, les évêques réunis et Grégoire leur chef. Grégoire était assurément port-royaliste ou, si l’on veut, janséniste, mais sans doute à la manière de Rastignac, de Fitzjames et de Montazet. Il était né en 1750 et avait été ordonné prêtre aux environs de 1775, dans le diocèse de Toul ; et je ne vois pas qu’il ait, comme l’abbé de l’Épée et comme Jabineau, refusé de signer le Formulaire et d’accepter

  1. Ms. autographe conservé dans les papiers du presbytère de Paris, qui avaient été remis à Grégoire.
  2. Un nommé Aubert. Lettre autographe conservée dans les archives de Grégoire. Le citoyen Aubert proposait de substituer Saurine à Royer.