de protestation indignée. Le professeur s’emporta, il s’écria « On use ailleurs assez largement du droit de me contredire, on n’a pas besoin de venir l’exercer ici » C’est tout juste si le vieillard ne fut pas mis à la porte comme le demandaient les auditeurs zélés Finalement l’abbé Lavigerie dut reconnaître qu’il s’était fourvoyé et qu’il n’aurait pas le dessus dans cette lutte par trop inégale. Il renonça donc à traiter l’histoire de Port-Royal et du jansénisme il se rabattit durant quelques leçons sur une étude de Pascal puis il abandonna complètement la partie. Voici d’après l’Observateur de l’année suivante (t. V, p. 195) quelle fut la conclusion de cette affaire « Nos lecteurs se souviennent sans doute de la lutte que -nous avons soutenue contre M. l’abbé Lavigerie, professeur d’histoire ecclésiastique à la Sorbonne. Ce jeune prêtre, qui ne manque pas de facilité, avait entrepris de faire l’histoire de Port-Royal. Son cours devait durer deux ans. Il l’avait ainsi annoncé. On a vu combien il était au-dessous de son sujet. La facilité ne suflit pas pour faire l’histoire de Port-Poyal il faut aussi beaucoup de science théologique et une rare impartialité. Il paraît que nous avons fait comprendre à M. le professeur qu’il était dépourvu de ces deux qualités. Aussi a-t-il abandonné le sujetqu’il devaittraiter. Il a recommencé (1) Observateur, tome IV, p. 53. Ernest Havet, le commentateur de Pascal, fut mêlé un instant à cette polémique. L’abbé Lavigerie s’était servi de son livre pour accabler Pascal l’Observateur le malmena (tome IV, p. 126) il le traita de petit commentateur et le compara à la grenouille de La Fontaine. La réclamation de E. Havet (IV, 160) est un peu bien humble. Chose curieuse, Sainte-Beuve et .son Port-Royal ne sont pas cités par l’abbé Lavigerie, qui cite Cousin, Faugère, Havet et même Varin. Il est question de lui, en passant, dans la 10. leçon, relative à Pascal. Sainte-Beuve de son côté, qui a repris son travail en 1858, u’a pas dit un seul mot de Lavigerie et de son contradicteur.
