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l’histoire du Père Pichon, c’est le silence de Rome à son égard. Son ami Belsunce avait prétendu en 1746 que son livre avait été lu par le pape « avec tout le plaisir possible », et que Sa Sainteté « l’avait trouvé plein de piété et de sentiments très catholiques et très-propres à donner du courage à la faiblesse humaine pour s’approcher souvent de ce divin sacrement ». Mais le fait allégué par l’évêque de Marseille fut déclaré faux par le nonce du pape ; Benoît XIV n’avait rien dit de semblable. Je ne saurais dire si le livre fut mis à l’index ; il ne paraît pas avoir été l’objet de condamnations spéciales, sans doute parce qu’il ne s’était trouvé personne pour le déférer au Saint-Siège. C’était une querelle théologique et morale essentiellement française, et la cour de Rome agissait sagement en ne s’en mêlant point. D’ailleurs les sentiments personnels de Benoît XIV sont connus ; il était si peu de l’avis du jésuite Pichon qu’il autorisa et encouragea de tout sons pouvoir, quelques années plus tard, la publication des œuvres complètes d’Antoine Arnauld, publication qui devait compter nécessairement une réimpression du traité de la Fréquente Communion.