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L’ANARCHIE SPONTANEE EN 1789

À M. Eugène Yung
Directeur de la Revue politique et littéraire.



Monsieur le Directeur,

En publiant naguère le premier chapitre du second volume de M. Taine sur les Origines de la France contemporaine[1], vous vous prépariez à faire toutes vos réserves sur la méthode et sur les conclusions de l’auteur ; on voit aujourd’hui en lisant cet ouvrage combien vos prévisions étaient justes. C’est un réquisitoire en forme contre la Révolution française, et l’incomparable talent de M. Taine donne à ses accusations une portée extraordinaire. Ainsi donc il ne faut plus parler, comme faisaient nos pères, « des immortels principes ; » il ne faut plus établir une distinction désormais subtile entre les deux époques de 1789 et de 1793, car « les insurrections populaires et les lois de la Constituante ont fini par détruire en France tout gouvernement ; » et, par une conséquence nécessaire de ces prémisses, la Constituante a été plus révolutionnaire que la Convention même. Ce sont les idéologues et les rhéteurs, à commencer par M. Thiers, qui ont induit le monde en erreur, et les faits, si mal connus jusqu’à ce jour, opposent un démenti formel à ces théories en l’air.

  1. Dans la Revue politique et littéraire du 16 mars 1678.